Bientôt l’arrêt des soins pour Vincent Lambert ?
Le Conseil d’Etat estime que le patient est victime d’"acharnement thérapeutique". Ses parents ont déposé un recours devant la CEDH, qui a refusé de suspendre la décision du Conseil d’Etat.
Vincent Lambert, tétraplégique, se trouve dans un état végétatif depuis plus de 10 ans. Son état "irréversible" a déjà été souligné par deux expertises judiciaires, l’une menée en 2014, l’autre en 2018. Le 24 avril dernier par ailleurs, le Conseil d’Etat (CE) a validé la décision d'interruption des traitements, prise le 9 avril 2018 par le CHU de Reims pour faire cesser un "acharnement thérapeutique". Le jour-même, les parents ont déposé deux recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et le Comité international de protection des droits des personnes handicapées (CIDPH) de l’ONU. Mais le 30 avril, le CEDH a confirmé l’avis du CE. "C’est une avancée en soi", estime François Lambert, neveu de Vincent et favorable à l’arrêt des soins.
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"Aucune pression ne met le CHU de Reims face à ses responsabilités"
Pour autant, l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielles ne se fera sûrement pas dans les jours à venir, selon François Lambert. "Aucune pression ne vient de nulle part pour mettre le CHU de Reims face à ses responsabilités", affirme-t-il. En réalité, malgré la première décision de la CEDH en faveur de l'arrêt des soins - qui date de 2015 - la situation reste entre les mains des médecins, d'après François Lambert. "Les parents de Vincent peuvent inventer autant de recours qu’ils le souhaitent, mais ces recours n’ont rien de suspensif. Concrètement, rien n’empêche les médecins d’arrêter les soins."
Vincent Lambert, infirmier psychiatrique, a été victime d'un accident de la route en 2008. Plusieurs expertises ont depuis montré qu’il se trouvait dans un état de conscience minimale sans possibilité d'évolution favorable. Mais ses parents, catholiques traditionnalistes, sont contre l'euthanasie passive, c'est-à-dire l'arrêt des soins. D’après eux, Vincent Lambert devrait être pris en charge dans une unité spécialisée pour personnes lourdement handicapées.
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Pour le moment, le CIDPH n’a pas rendu d’avis. Mais il est fort probable qu’il partage le constat de la CEDH, selon François Lambert. "Quand bien même le CIDPH se prononcerait contre l’arrêt des soins, cela n’aurait pas de force de frappe", précise-t-il. En effet, comme l’a expliqué le spécialiste du droit européen Nicolas Hervieu à l’AFP, "la France se sent plus tenue par les décisions de la CEDH que des comités de l'ONU lorsqu'il y a divergences".
Pour le moment donc, la réponse de la CEDH à la requête des parents de Vincent Lambert ne peut pas forcer le CHU de Reims à arrêter les soins. "Mais c’est un signal qui dit au CHU « vous n’avez pas raison [de le maintenir en vie, ndlr] »" se réjouit tout de même son neveu.