Hypoxie : quand le ciel vous coupe le souffle !
Les pilotes de chasse des avions espions U-2, qui peuvent voler jusqu'à plus de 21.000 mètres, auraient un risque accru de subir des lésions cérébrales, selon une étude américaine publiée dans la revue américaine Neurolgy.
Voler régulièrement, à haute altitude, n'est pas sans conséquences sur l'organisme. Une étude américaine, menée par des chercheurs de l'université du Texas, évoque les risques éventuels de lésions cérébrales que les pilotes de chasse encourent. Leurs travaux se sont portés sur 102 pilotes de l'armée de l'Air américaine volant dans des avions espions U-2, qu'ils ont comparés avec 91 personnes qui n'exercent pas ce métier. Le résultat obtenu à la suite d'un examen IRM (image par résonance magnétique) du cerveau des participants, âgés entre 26 et 50 ans, révèle que les pilotes présenteraient trois fois plus de lésions cérébrales que les personnes de l'autre groupe.
En altitude, l'organisme s'adapte au changement atmosphérique de l'air. C'est le phénomène d'hypoxie. Plus l'altitude augmente, plus l'oxygène dans l'air diminue. L'approvisionnement des organes est limité en oxygène. L'alerte est donnée au corps par les vaisseaux situés au niveau du cou. La respiration et le rythme cardiaque s'accélèrent. Le débit sanguin augmente et le nombre de globules rouges se multiplie pour accroître la capacité de transport de l'oxygène vers les organes.
Dans un avion, le phénomène d'hypoxie est évité grâce à la pressurisation des cabines. La pression de l'air est alors maintenue à celle du niveau de la mer à l'intérieur de l'avion, indépendamment de la pression atmosphérique extérieure. Un dispositif qui permet aux passagers de respirer normalement. Néanmoins, la situation pour les avions de chasse n'est pas tout à fait la même, plus particulièrement pour les avions espions U-2. Car ce qui fait la réputation de cet avion, c'est sa capacité à voler haut, très haut. Il peut atteindre les 21.000 mètres d'altitude, soit deux fois plus qu'un avion de ligne..
A vouloir effleurer les étoiles, les pilotes peuvent y laisser leur santé. Le cockpit de ces avions n'est que partiellement pressurisé, ce qui entraîne des complications pour le pilote. En effet, l'organisme ne peut pas faire face au changement brutal de la pression atmosphérique de l'air. Il n'arrive pas à s'adapter à la faible quantité d'oxygène dans l'air, fortement accentuée par la haute altitude. Malgré les masques à oxygène, le pilote prend le risque d'une hypoxie d'altitude qui se manifeste par des troubles visuels, neuro-psychiques (fatigue, vertiges…), sensitivo-moteurs ou encore une perte de connaissance. Ces symptômes s'aggravent par une vitesse ascensionnelle rapide et une longue durée de vol. "Les pilotes qui volent régulièrement au-dessus de 6 000 mètres ont un plus grand risque d'accidents de décompression", explique le Dr Stephen McGuire, de l'université du Texas, principal auteur de l'étude. "L'incidence du mal de la compression chez les pilotes de l'US Air Force a triplé depuis 2006, probablement en raison de vols à risques plus fréquents et plus longs", précise-t-il.
Dans cette étude, les chercheurs ont mis en évidence les lésions étaient présentes dans l'ensemble du cerveau, contrairement aux personnes où elles se concentrent uniquement dans la partie frontale de la substance blanche, comme cela peut se produire normalement avec le vieillissement.
"Ces observations pourraient être utiles pour évaluer le risque de lésions cérébrales lié à des activités come l'alpinisme de haute montagne, la plongée ou le vol de haute altitude", estime le Dr McGuire.
Etude de référence : "White matter hyperintensities on MRI in high-altitude U-2 pilots", Neurology August 20, 2013 vol. 81 no. 8 729-735, doi: 10.1212/WNL.0b013e3182a1ab12
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