Du ''sang jeune'' pour lutter contre Alzheimer ?
Des patients atteints de la maladie d'Alzheimer seront bientôt transfusés avec du sang provenant de donneurs jeunes et en bonne santé. Si l'annonce sonne comme le scénario d'un nouveau film vampirique, il n'en est rien. Il s'agit d'un essai clinique qui va être mené dans le but de lutter contre les symptômes de la maladie. L'information est publiée dans la sérieuse revue scientifique New Scientist.
Injecter du "sang jeune" pour "rajeunir" les cellules cérébrales des malades d'Alzheimer. Si cette cure de jouvence alimente les fantasmes, la science devrait en faire une réalité. Des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer à un stade modéré vont recevoir du sang de jeunes, âgés de moins de 30 ans, dans l'espoir de voir les symptômes de la maladie s'estomper.
L'essai clinique, annoncé par la revue New Scientist, débutera à partir du mois d'octobre 2014. Il sera dirigé par une équipe de l'École de médecine de l'université de Stanford (États-Unis), qui sera en charge de tester les effets d'une transfusion de "sang jeune" sur des malades atteints d'Alzheimer. Cette expérience est menée à la suite des recherches conduites sur des souris et dont les résultats ont été publiés en mai 2014 dans la revue Nature.
Des résultats positifs chez la souris
Les premiers résultats publiés en 2011 par Nature ont montré que le vieillissement des cellules cérébrales serait dû à un appauvrissement du sang.
Au cours de cette étude, l'équipe de chercheurs de l'université de Stanford a constaté que l'échange de sang d'une jeune souris avec celui d'une souris plus âgée augmentait le nombre de nouvelles cellules chez cette dernière.
Cette étude permet de faire le lien entre la neurogénèse (la création de nouveaux neurones) et les composants chimiques qui voyagent dans le sang. Tony Wyss-Coray, le neuroscientifique ayant dirigé les recherches, interviewé par le magazine Technology Review publié par le MIT se réjouit : "Vous pouvez presque appeler cela un effet de rajeunissement".
En 2014, cette même équipe de chercheurs a publié une étude qui montre l'amélioration des performances cognitives des souris soumises aux tests grâce à des transfusions de sang jeune.
Une piste à explorer chez l'homme
Les résultats positifs sur la souris se sont révélés encourageants, mais l'efficacité de ce traitement sur l'homme n'est toutefois pas garantie. Les chercheurs ne veulent pas transformer cette pratique en traitement thérapeutique. L'expérience a pour objectif premier de comprendre les mécanismes induits par la transfusion sanguine.
"Nous évaluerons les fonctions cognitives juste avant et plusieurs jours après la transfusion. Nous suivrons chaque personne pendant quelques mois pour voir si des personnes de l'entourage notent une amélioration", explique le Pr Tim Wyss-Coray de l'université Stanford dans l'article du New Scientist.
Une piste à explorer semble se dessiner pour les chercheurs. Il s'agit d'une protéine, nommée GDF11 (growth differentiation factor 11) présente dans le plasma. Elle a pour particularité commune, chez l'Homme comme chez la souris, de disparaître à mesure que l'organisme vieillit.
Si la voie se révèle prometteuse, elle pourrait aider environ 900.000 personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer en France. Compte tenu de l'augmentation de l'espérance de vie, elles devraient atteindre 1,3 million de personnes en 2020, selon les chiffres communiqués par l'Institut national de la santé et de la recherche (Inserm).
Source : Young blood to be used in ultimate rejuvenation trial, Helen Thomson, NewScientist, 20 août 2014.
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