Faut-il dérembourser les médicaments anti-Alzheimer ?
Des médecins se sont récemment prononcés contre le déremboursement des traitements de la maladie d'Alzheimer. D’autres spécialistes saluent la décision courageuse de la ministre. Le point avec des représentants des deux camps.
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Les médicaments contre Alzheimer sont-ils efficaces ?
Pr Pierre-Olivier Saint-Jean, chef du service de gériatrie, hôpital européen Georges-Pompidou de Paris : « Les études montrent que ces médicaments ont un effet extraordinairement modeste et que cet effet n’atteint pas le seuil de pertinence clinique ».
Pr Marie Sarazin, chef du service de neurologie, de la mémoire et du langage, centre hospitalier Saint-Anne de Paris : « Ca ne joue pas sur la mémoire. On n’a pas de médicaments qui agissent sur le principe même des neurones et de la mémoire. Mais ca joue sur l’efficience globale en ralentissant la progression de la maladie. Ca joue en conséquence sur l’autonomie et les troubles psycho-comportementaux qui peuvent compliquer la maladie ».
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Quelles conséquences aura le déremboursement ?
Pr Pierre-Olivier Saint-Jean : « Il n’y aura aucun effet délétère à ce déremboursement, d’abord parce que les médicaments n’ont pas d’effet, et que par ailleurs ca va nous pousser à être encore plus inventif dans la prise en charge des patients».
Pr Marie Sarazin, chef du service de neurologie, de la mémoire et du langage : « Il a été démontré dans les études qu’il y a un risque de sevrage, quand les patients arrêtent le médicament, il y a des risques de confusion. Ca va être un coût supplémentaire pour les patients qui auront envie de continuer ces traitements ».
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Les experts en question
Pr Pierre-Olivier Saint-Jean : « En ce qui me concerne, j’ai été sollicité par la Haute autorité de santé parce que je m’occupe de personnes en déclin cognitif depuis plus de 35 ans ».
Pr Marie Sarazin : « La Haute autorité de santé a voulu être le plus neutre possible. Elle craignait que les experts aient tendance à parler en faveur d’un industriel avec qui ils étaient en contact. Pour se protéger, elle choisit des experts loin de tout mais tellement loin qu’ils ne connaissent plus la maladie ».
Jusque là, les médicaments contre la maladie d’Alzheimer étaient pris en charge à hauteur de 15%. L’arrêt de leur remboursement permettrait à l’assurance maladie d’économiser 90 millions d’euros par an.