Maladie de Parkinson : le diagnostic au bout du fil ?
Des chercheurs travaillent actuellement sur un système d'analyse de la voix qui permettrait de diagnostiquer la maladie de Parkinson par téléphone. Ce système ambitionne de comparer les voix et l'élocution de personnes malades avec celles de personnes saines pour mettre en évidence les premiers signes vocaux de la maladie. Les recherches sont en cours.
"Allô ? J'aurais aimé savoir si je suis atteint de la maladie de Parkinson…". Il serait bientôt possible d'avoir ce genre de conversation (ou plutôt de monologue…) avec une machine. Max Little, du Massachusetts Institute of Technology's Media Lab a fait appel à des personnes du monde entier pour tester et développer ce système innovant de diagnostic de la maladie de Parkinson.
En quoi consiste-t-il ? La maladie se manifeste souvent, dans un premiers temps, au niveau de la voix, car elle affecte la capacité à contrôler les cordes vocales et le voile du palais. Bien que les signes soient au début imperceptibles, ils sont réels : tremblement dans la voix, essoufflement, voix plus basse ou encore enrouement sont les plus communs. Ces signes font de la maladie de Parkinson la candidate idéale pour un diagnostic téléphonique. Le logiciel, à l'autre bout de fil, utilise un algorithme de traitement de la voix pour traiter les informations sonores reçues et identifier les changements révélateurs dans la voix des personnes atteintes.
Rapide et non-invasif
Cette technologie permettrait un diagnostic plus rapide, plus précis et surtout non-invasif de la maladie. "Ce genre de technologie peut être facilement intégré dans la vie des gens et pourrait nous permettre de les suivre sur la durée", a déclaré Max Little.
Le diagnostic et le suivi de la maladie, qui touche quelques 6 millions de personnes dans le monde et ne peut être guérie, reposent habituellement sur l'estimation des symptômes de la personne, en utilisant une échelle spécifique. Cette estimation inclut, par exemple, des tests moteurs. Le procédé prend du temps, il est cher et nécessite de se rendre à l'hôpital. De nombreux cas (environ un sur cinq) ne sont pas diagnostiqués. Cette nouvelle technologie pourrait potentiellement rendre ce diagnostic plus facile.
Une collecte géante de voix
A la conférence TEDGlobal 2012 à Edimbourg, Little a expliqué comment ses collègues et lui ont utilisé leur algorithme de la voix pour traiter 263 enregistrements provenant de 43 personnes. Ils ont demandé à ces personnes de soutenir le son de six ou sept voyelles. Après un entraînement sur une dizaine de troubles ou "dysphonies" de ces enregistrements, l'algorithme est parvenu à identifier les marqueurs de la voix de la maladie de Parkinson dans 99 % des cas.
Mais pour mener ses recherches à bien, Max Little a besoin de plus de voix... Le site internet "Parkinson's Voice Initiative" donne la liste des numéros de téléphone à appeler pour joindre le système de diagnostic informatisé, et lui parler pendant trois minutes, de manière à contribuer aux recherches.
Le but pour le chercheur et son équipe ? Obtenir 10 000 appels et, ainsi, constituer une gigantesque "audiothèque" de voix de personnes saines, en libre accès. Les voix saines permettront de servir de point de comparaison pour affiner les capacités diagnostiques du logiciel de traitement de la voix et rationaliser les recherches.
Source : "Diagnosing Parkinson's in a phone call with a computer", New Scientist, 9 juillet 2012
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