Variant indien : on vous explique sa contagiosité, sa dangerosité et la situation française
Le variant indien, ou variant Delta, majoritaire au Royaume-Uni inquiète les autorités sanitaires britanniques. Que sait-on de ce variant ? Est-il plus dangereux ? A quel niveau est-il déjà présent en France ? On fait le point.
Il représente à ce jour près des trois quarts (73%) des cas au Royaume-Uni. Le variant dit indien, ou variant Delta, préoccupe les autorités sanitaires britanniques, qui publient le 3 juin un rapport complet sur le sujet.
Selon les données disponibles à ce jour et analysées dans ce rapport, le variant Delta serait plus transmissible et pourrait être à l’origine de davantage de formes graves du covid.
Plus contagieux que le variant Alpha
En effet, le variant Delta gagne du terrain au Royaume-Uni quand le variant britannique, ou variant Alpha, diminue. Ce qui signifie que le variant Delta est "très probablement" plus transmissible que le variant Alpha. Qui était lui-même entre 50 et 70% plus contagieux que la souche historique.
Davantage d’hospitalisations ?
Mais ce n’est pas tout. Selon deux études conduites en Angleterre et en Ecosse relayées par Public Health England, le risque d’hospitalisation est accru avec ce variant Delta par rapport au variant Alpha. Un signal d’alerte, même si de plus amples analyses sont nécessaires pour confirmer cette crainte.
Autre question en suspens : celle du risque de réinfection. Les données disponibles à ce jour ne permettent pas encore de savoir si le variant Delta peut occasionner une nouvelle infection chez des personnes guéries d’un covid lié à un autre variant.
Les vaccins restent efficaces
Les autorités sanitaires émettent cependant une note d’espoir : la majorité des cas positifs au variant Delta, des hospitalisés et des décédés à cause de ce variant n’avaient pas été vaccinés, ou n’avaient reçu qu’une seule des deux doses.
Ce qui laisse à penser que les vaccins anti covid offrent une protection contre ce variant ou les formes graves qu’il entraîne. A condition que les deux doses aient été administrées.
Pas de chiffre précis en France
Et en France, quelle est la situation ? Nous n’avons "aucune idée" du nombre précis de cas de variant Delta sur le territoire, alerte le Professeur Philippe Froguel généticien au CHU de Lille.
En cause : l’absence de tests de criblage - qui permettent de reconnaître grossièrement une souche par rapport à une autre - et la baisse considérable du nombre de séquençages du génome des virus - qui permettent d’identifier précisément un variant - réalisés en France.
Le seul comptage réalisé est celui des enquêtes flash de l’Inserm, "réalisées toutes les deux ou trois semaines et qui nécessitent trois semaines pour publier des résultats", observe le scientifique.
Un risque de perte de contrôle
Le risque ? Une perte de contrôle de la situation et une hausse rapide des cas liés à un variant, comme ce fut le cas avec le variant britannique Alpha début 2021, rappelle Philippe Froguel.
C’est par exemple ce qu'il s'est passé à Dax, "où le variant indien a été identifié un mois après le diagnostic du patient" déplore-t-il. En résumé, "nous n’avons aucun moyen réel de détecter le variant indien, mais pas non plus le variant vietnamien ou tout autre nouveau variant" s’inquiète-t-il encore.
Vacciner plus vite que l'avancée du variant
A quelle évolution s’attendre alors sur le territoire français ? "Je ne dis pas que ça va être la catastrophe, je dis simplement qu'on navigue les yeux fermés" répond le généticien.
"La question n’est pas de savoir si le variant indien va se développer, là dessus il n’y a pas à discuter. Mais il faut repousser son développement suffisamment pour que les trois quarts de la population soit totalement vaccinés, avec deux doses" avance-t-il enfin.