Cigarette électronique : l'OMS trop prudente ?
Dans un rapport publié le 26 août, l'OMS a recommandé d'interdire la vente de cigarettes électroniques aux mineurs et leur usage dans les lieux publics fermés. Des recommandations qui ne manquent pas de raviver le débat entre les spécialistes.
Estimant que l'usage de la cigarette électronique "pose de graves menaces pour les adolescents et les fœtus", l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé ce mardi 26 août 2014 d'interdire leur vente aux mineurs.
Une porte d'entrée vers le tabagisme ?
Une mesure accueillie positivement par Marion Adler, médecin généraliste et tabacologue : "L'OMS a raison de jouer la prudence et c'est son devoir. Si l'OMS n'interdit pas la vente aux mineurs, elle l'autorise d'une certaine façon". En revanche, rien ne prouve que la cigarette électronique soit une porte d'entrée vers le tabagisme chez les jeunes, selon le médecin.
Jean-François Narbonne, chercheur et professeur de toxicologie à l'université de Bordeaux, affirme lui aussi que les données n'indiquent pas que la cigarette électronique incite les jeunes à fumer. "Par contre, les études laissent penser que la prise de drogues neurologiques, que ce soit des médicaments ou de la nicotine, par la mère au cours de la grossesse, peut induire un comportement addictif chez l'enfant lorsqu'il arrive à l'âge adulte. C'est certainement la raison pour laquelle l'OMS évoque de graves menaces pour les fœtus", explique le chercheur.
Faut-il interdire la e-cigarette dans les lieux publics ?
Les experts de l'OMS se sont également prononcés pour une interdiction de leur consommation dans les espaces publics fermés. Une question que se pose d'ailleurs le gouvernement qui envisage d'interdire le vapotage dans les lieux publics. Mais sur ce point, les deux experts sont plus divisés.
"On manque de recul. On ne sait pas encore si les microparticules contenues dans la vapeur exhalée présente un risque pour la santé. Comme on sent les odeurs dégagées, on inhale des substances qui peuvent être dangereuses", affirme Marion Adler.
Jean-François Narbonne estime quant à lui qu'il peut exister "un risque d'irritation chez les personnes présentant des troubles de la respiration, comme de l'asthme, si plusieurs vapoteurs se retrouvent dans la même pièce et qu'elle n'est pas aérée. Mais il n'y a pas de risques de troubles graves." En revanche, le chercheur s'étonne des inquiétudes sur les odeurs : "ce sont les mêmes que celles des bougies parfumées, elles contiennent les mêmes composants, or elles ne sont pas interdites."
Selon lui, les composants contenus dans les liquides des cigarettes électroniques sont bien connus, "sauf s'il s'agit de mélanges importés d'origine douteuse, c'est pourquoi les fabriquants vendent leurs produits sous scellé (...). Il n'est pas vrai que l'on n'a pas de recul suffisant sur ces substances. Tout ce que l'on peut dire c'est que l'on n'a pas de recul sur l'usage des cigarettes électroniques."
Une aide pour arrêter de fumer
Quoi qu'il en soit, les deux experts s'accordent sur un point majeur : la cigarette aide les fumeurs à réduire leur consommation de tabac, voire à abandonner la cigarette. Marion Adler la recommande d'ailleurs à ses patients pour arrêter de fumer. La cigarette électronique reste moins dangereuse que la cigarette, car il n'y a pas de combustion et les substances toxiques sont présentes en de bien plus faibles concentrations que dans les cigarettes.
VOIR AUSSI :
En France, la vente d'e-cigarette est prohibée pour les moins de 18 ans depuis mars 2014.