Maladies liées au vapotage : l’enquête progresse et accuse la vitamine E
L’acétate de vitamine E, ajouté dans les recharges de cigarette électronique au cannabis vendues illégalement, pourrait bien être à l’origine des cas de maladies pulmonaires, selon les autorités sanitaires américaines.
Nouvelle étape dans la compréhension des maladies liées au vapotage. Les autorités de santé américaines ont annoncé le 8 novembre 2019 avoir très probablement percé le mystère des maladies pulmonaires qui ont touché plus de 2.000 vapoteurs américains et causé 39 décès : une huile de vitamine E apparemment ajoutée dans des recharges au cannabis vendues sur le marché noir.
A lire aussi : Le Vrai du Faux : la cigarette électronique est-elle dangereuse ?
De l’acétate de vitamine E dans les fluides pulmonaires
Les enquêteurs avaient déjà pointé du doigt cette huile comme responsable possible de cette épidémie, mais sont confortés dans leurs certitudes par sa découverte chez 29 patients dont les fluides pulmonaires ont été analysés par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). "C'est la première fois que nous détectons une substance chimique potentiellement préoccupante dans des échantillons biologiques de patients présentant ces lésions pulmonaires" notent les CDC dans un communiqué.
Mieux, "ces analyses apportent la preuve directe que l'acétate de vitamine E est le principal responsable de lésions dans les poumons", a assuré à l’AFP Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC. Elle précise aussi qu'"aucune autre toxine potentielle n'avait pour l'instant été détectée dans les analyses".
La vitamine E est normalement inoffensive. Elle est commercialisée sous forme de gélule à avaler ou d'huile à appliquer sur la peau, mais elle est nocive une fois inhalée ou chauffée.
"Qu’une pièce du puzzle"
De son côté, la Food and Drug Administration (FDA), l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments a analysé 1.000 échantillons (cigarettes électroniques et liquides) pour la plupart liés à des patients hospitalisés.
Premier constat : une majorité de ces échantillons contenait du THC, l'agent psychoactif du cannabis. Et 50% de ces produits au THC avaient pour diluant de l’acétate de vitamine E en concentration élevée. Parmi les produits directement liés à des patients malades et contenant du THC, la proportion de liquides contenant de l’acétate de vitamine E grimpe à 74%.
Malgré ces résultats, la FDA reste prudente et rappelle que l’enquête ne fait que démarrer : "L’identification de tous les composés présents dans les échantillons liés aux cas de patients n’est qu’une pièce du puzzle et ne répondra pas nécessairement aux questions de causalité."
Symptômes respiratoires et digestifs
Ces alertes des autorités sanitaires surviennent simultanément à la publication d’une nouvelle étude portant sur 60 patients publiée dans The Lancet. Il s’agit à ce jour de la plus grande cohorte de pneumopathies liées à la cigarette électronique. Cette étude montre que les 60 patients pris en charge entre le 27 juin et le 4 octobre 2019, ont présentés des symptômes pulmonaires (difficulté à respirer, douleur thoracique, toux…) dans 98% des cas mais aussi des symptômes digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) dans 90% des cas.
Autre constat relevé par les auteurs de l’étude, médecins exerçant dans le système de santé Intermoutain Healthcare, 78% de ce patients vapotaient des produits à base de THC. Un résultat qui appuie encore la thèse des liquides frauduleux, bien que les produits spécifiquement utilisés par ces 60 patients n’aient pas été analysés dans le détail.