Et si on vous payait pour arrêter de fumer ?
Plusieurs études tendent à montrer qu’une incitation financière favoriserait l’arrêt de la cigarette.
D’habitude, un patient paye pour un service de santé. L’idée inverse, que l’on rétribue ceux qui se soignent, paraît saugrenue. Mais cette approche serait prometteuse, notamment dans le cas de l’addiction au tabac, selon une étude clinique menée aux Etats-Unis dans des milieux socio-économiques défavorisés, où le tabagisme reste nettement plus élevé que dans le reste de la population.
Le tabac demeure la principale cause de mortalité évitable dans le pays et affecte surtout les pauvres et les minorités, selon le compte-rendu publié lundi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Des chercheurs du Centre médical de Boston (BMC) ont proposé un programme à 352 participants de plus de 18 ans dont 54% de femmes, 56% d’Afro-Américains et 11,4% d'Hispaniques fumant au moins dix cigarettes par jour.
750 dollars pour un an d’abstinence
La moitié a simplement reçu une documentation expliquant comment trouver de l'aide pour cesser de fumer. L'autre a eu accès à un conseiller pour les aider à obtenir des traitements de substitution à la nicotine, avec un soutien psychologique et une incitation financière. Celle-ci a atteint 250 dollars pour ceux ayant renoncé dans les six premiers mois, avec 500 dollars supplémentaires s'ils s'abstenaient les six mois suivants. Une seconde chance a été offerte à ceux ayant failli dans les six premiers mois: ils ont pu empocher 250 dollars s'ils ont arrêté de fumer au cours des six mois suivants.
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Des analyses de salive et d'urine ont permis d'établir que près de 10% des participants financièrement appâtés ne fumaient plus après six mois et 12% un an après. Contre respectivement moins de 1% et 2% dans l'autre groupe. "Ces résultats montrent comment un programme combinant plusieurs approches, dont une incitation financière, peut être efficace contre le tabagisme", relève Karen Lasser, médecin au Centre médical de Boston et professeure adjointe de médecine à l'université de Boston.
Cette étude a été financée par l'American Cancer Society, dont vous pouvez retrouver les entreprises partenaires en cliquant sur ce lien.
Difficile de quantifier l’effet de l’incitation financière
Ce programme a eu de bons résultats surtout chez les fumeurs plus âgés, les femmes et les Afro-Américains, plus pauvres en moyenne. "La promesse d'obtenir de l'argent a probablement été une motivation importante chez cette population pour arrêter de fumer" mais l'étude n'a pas été en mesure d'en quantifier l'effet car les participants ont aussi bénéficié de traitements de substitution et d'une aide psychologique, a expliqué le docteur Lasser.
Elle a mentionné les résultats d'une étude publiée en 2015 dans le New England Journal of Medicine menée auprès de 878 salariés du groupe General Electric. En offrant 750 dollars, le taux de fumeurs ayant renoncé à la cigarette a quasiment triplé.
Une étude française a été lancée en 2016
En France, une étude sur deux ans a été lancée en avril 2016 pour encourager des femmes enceintes à arrêter de fumer: seize maternités offrent en moyenne 300 euros à des volontaires pour qu'elles ne fument plus pendant leur grossesse. Quelque 20% des femmes enceintes fument en France.
L'efficacité de cette approche a déjà été démontrée en Ecosse, selon une étude publiée début 2015 dans la revue médicale britannique BMJ : 23% des femmes ayant reçu rétribution avaient arrêté de fumer, contre seulement 9% de celles sans encouragement financier.
Avec AFP