Tabac : les cigarettiers accusés de tricher sur les taux de nicotine et de goudron
Les fabricants de tabac falsifient les tests sur les concentrations de goudron, de monoxyde de carbone et de nicotine, d’après le Comité national contre le tabagisme.
Une plainte pénale a été déposée début février devant le Procureur de la République contre British American Tobacco, Philip Morris, Japan Tobacco et Imperial Brand, prévient le Comité national contre le tabagisme (CNCT). En cause : leurs tests concernant les concentrations de goudron, de monoxyde de carbone et de nicotine, truqués selon l’association. Le CNCT porte plainte pour "pour mise en danger d’autrui", d’après un communiqué publié ce vendredi 9 février.
Des micro-orifices dans le filtre pour truquer les tests
D’après le CNCT, "un fumeur qui pense fumer un paquet par jour en fume, en fait, l’équivalent de 2 à 10". En effet, l’association affirme que les fabricants de tabac perforent les filtres des cigarettes afin d’en falsifier les tests. Lors de ces essais, des micro-orifices dans le filtre "empêchent les autorités en charge de l’application de la loi de savoir si les seuils de goudron, de nicotine, et de monoxyde de carbone qu’elles ont fixés sont dépassés", selon l’association. Or, lorsque nous fumons une cigarette, nous bouchons ces micro-orifices avec nos doigts. Et nous inhalons davantage de substances que ce qui a été détecté durant les tests, et que ce qui est indiqué sur le paquet.
"Les fabricants incitent les fumeurs à consommer plus de cigarettes qu’ils ne le feraient s’ils étaient correctement informés"
Le CNCT base son constat sur des études réalisées par Hammond D, Fong G T, Cummings K M. (2006) et JS Wigand (1998). "Tous les fabricants de tabac sont concernés", d’après l’association, qui affirme que "des procédures similaires [à sa plainte, ndlr] ont été lancées ou sont en cours dans d’autres pays", comme les Pays Bas ou la Suisse. "Nous avons décidé de porter plainte après avoir étudié les documents internes des industries du tabac, qui avaient pour but de tromper les fumeurs et les pouvoirs publics", explique le Pr Yves Martinet, pneumologue et président du CNCT.
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L’association s’alarme, car "il est prouvé que la probabilité de contracter un cancer ou une maladie cardiovasculaire est positivement corrélée avec la quantité de monoxyde de carbone, de goudron et de nicotine absorbées", selon elle. "Les fabricants de produits du tabac privent les fumeurs d’une information exacte sur la quantité de produits dangereux qu’ils absorbent, incitent les fumeurs à consommer plus de cigarettes qu’ils ne le feraient s’ils étaient correctement informés, mettent leurs vies en danger, sont responsables d’un nombre de maladies et de décès qui seraient évités si l’information sur la dangerosité des cigarettes respectait les exigences du code de santé publique", conclut le CNCT.
"Le tabac est une drogue dure qui tue. C'est une épidémie industrielle. Ce que nous voulons avec le CNCT, c'est démontrer le comportement de cette industrie", explique le Dr Martinet, qui a indiqué à Allodocteurs.fr qu'il n'avait eu, pour le moment, aucun retour de la part des cigarettiers.