Toxicomanie : les hôpitaux désarmés face aux nouvelles drogues de synthèse
Selon l'Académie de pharmacie, les hôpitaux français seraient désarmés pour traiter les consommateurs de nouvelles drogues de synthèse de plus en plus variées. Elle craint de voir "la santé publique en danger" à cause de "traitements inadaptés".
Au terme d'une séance consacrée à la prise en charge médicale "des nouvelles substances psychoactives toxicomano-gènes", l'Académie de pharmacie a fait état ce 11 avril d'une situation préoccupante sur le territoire.
Les nouvelles drogues en question sont des "cannabinoïdes de synthèse" (plus de 170 identifiés en Europe selon elle) et de "nouveaux opioïdes de synthèse" (25 identifiés en Europe entre 2009 et 2016, dont 18 fentanyls).
L'Académie a estimé qu'"environ 15% des consultations aux urgences" liées à la toxicomanie concernaient aujourd'hui un "nouveau produit de synthèse" (NPS). Or, face à l'inventivité des chimistes qui alimentent le marché sur internet ou ailleurs, les moyens employés pour identifier des drogues mieux connues (cannabis, cocaïne, héroïne, amphétamines...) sont parfois inefficaces.
Ne pas identifier correctement la substance empêche une prise en charge adéquate
"La modification structurale de ces molécules les rend indétectables par les tests de dépistage rapide qui marchent pour les molécules dont elles sont dérivées", a constaté l'Académie. Conséquence : "le traitement du sevrage aux nouveaux produits de synthèse reste purement symptomatique, comprenant des médicaments anxiolytiques, antalgiques et/ou hypnotiques. Il n'existe pas actuellement de traitement de substitution", a-t-elle ajouté.
L'instance a appelé à mieux équiper les hôpitaux de "la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse haute résolution", des techniques d'identification des substances chimiques qui sont seules à même de mettre en évidence de telles drogues chez un patient.
avec AFP
L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) avait relativisé dans son dernier rapport annuel "Tendances" la montée de ces nouveaux produits de synthèse. Elle constatait "une curiosité croissante, sans qu'il soit possible de l'assimiler à une hausse des consommations".