Les hépatites B et C ne sont pas suffisamment diagnostiquées
0,3% de la population adulte de France métropolitaine serait atteinte d'une hépatite B, et la même proportion d'une hépatite C, alerte Santé publique France.
"Trop de personnes demeurent non testées et porteuses d'infections virales non diagnostiquées" malgré un large dépistage des hépatites B et C, déplore le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 24 septembre. En effet, 0,3% de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans serait atteinte d'une hépatite B chronique, et la même proportion d'une hépatite C chronique.
Des chiffres probablement sous-estimés
Cela représente "environ 135.000 individus pour chacune de ces pathologies", précise l'équipe de chercheurs de Santé publique France. Ces estimations sont publiées à la veille de la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales. Des chiffres en baisse par rapport aux évaluations précédentes (0,65% en 2004 et 0,42% en 2011 respectivement), mais à prendre avec des pincettes. En effet, "du fait des différences de méthodes utilisées, il convient d'être prudent dans la comparaison de ces estimations", développent les auteurs du BEH.
Ces chiffres sont en outre probablement sous-estimés, car les méthodes utilisées (auto-dépistage sanguin à domicile et enquête téléphonique) rendaient difficile l'inclusion des populations marginalisées, comme les usagers de drogues et les SDF. Chez eux, la fréquence de ces maladies est plus élevée que dans le reste de la population.
3.500 décès par an
Le virus de l'hépatite B se transmet par voie sanguine ou sexuelle. Cette maladie du foie touche près de 300.000 personnes en France et provoque 1.000 décès par an. L'absence de symptômes évidents dans la phase initiale entraîne souvent un diagnostic tardif qui expose les personnes contaminées à un risque élevé de cirrhose, puis de cancer du foie.
Sa forme chronique est responsable de plus de 40% des cas de carcinome hépatocellulaire (cancer primitif du foie). On sait aujourd'hui garder le virus sous contrôle, mais pas l'éliminer.
L'hépatite C se transmet essentiellement par voie sanguine. Cette affection est responsable d'environ 20% des cas d'hépatites aiguës et de 70% des cas d'hépatites chroniques, une cause majeure de cirrhose et de cancer primitif du foie. Elle est responsable d'environ 2.500 décès par an.
La lutte contre l'hépatite C a connu une importante avancée depuis quelques années avec l'arrivée de traitements antiviraux d'action directe, qui guérissent 95% des malades en quelques semaines.
"Il nous faut renforcer nos actions de dépistage"
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour objectif de faire en sorte que 90% des personnes infectées soient diagnostiquées d'ici à 2030. Ce n'était le cas en France qu'à 80,6% pour l'hépatite C et à 17,5% pour l'hépatite B, selon le BEH.
"Il nous faut renforcer nos actions de dépistage [...] parmi les populations les plus exposées" à l'hépatite C (usagers de drogues par intraveineuse, personnes nées dans un pays à prévalence élevée d'hépatite C) et "atteindre une couverture vaccinale de 95% pour lutter contre l'hépatite virale B", estime Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, qui signe l'éditorial de ce numéro du BEH.
Fin 2017, 59.000 personnes avaient commencé un traitement par antiviraux d'action directe. La France a pour objectif d'atteindre 120.000 personnes traitées et guéries à l'horizon 2022.