Polypose colique : quand les polypes envahissent le côlon
La polypose colique est une maladie héréditaire. Elle se caractérise par la présence d'une grande quantité de polypes (en d'autres termes, d'excroissances) sur la paroi interne du côlon. Comment diagnostique-t-on la polypose colique ? Comment traite-t-on les polypes ? Les réponses dans ce dossier.
Qu'est-ce que la polypose colique ?
Le polype est une excroissance qui peut se développer dans la paroi du côlon. Ce sont des cellules, en l'occurrence du côlon ou du rectum, qui prolifèrent anormalement. Cet amas de cellules crée alors un relief plus ou moins arrondi comme une verrue, puis grandit jusqu'à ressembler à une sorte de champignon dont le pied (pédoncule) peut être large et court ou au contraire long et grêle.
Il existe différents types de polypes. Parmi eux, les polypes adénomateux qui peuvent avec le temps évoluer en cancer. D'où l'importance des coloscopies pour les identifier et les retirer avant qu'ils ne dégénèrent.
La plupart du temps les polypes sont isolés, mais dans certains cas, ils sont des centaines voire des milliers et tapissent intégralement la paroi interne du côlon ou du rectum. On parle alors de polypose adénomateuse familiale. Une maladie rare liée à une anomalie génétique qui touche une naissance sur 11.000.
En cause une mutation génétique sur le gène APC. Habituellement ce gène produit une protéine, qui contrôle la croissance des cellules et évite l'apparition de tumeurs. Chez les patients atteints de polypose adénomateuse familiale, le gène APC a muté et ne fonctionne plus correctement. C'est ce qui explique le développement anarchique de polypes dans le côlon et le rectum. Le risque de transmission de cette anomalie génétique est de 50% si l'un des parents est atteint. Elle touche indifféremment les filles ou les garçons.
Parce qu'il n'existe aucun traitement à l'heure actuelle pour éviter la formation et le développement des polypes, la première étape de la prise en charge médicale correspond au dépistage précoce, via un test génétique. Il permet de savoir si la personne est porteuse du gène muté et de mettre en place un suivi qui commence généralement à l'adolescence, vers 12 ans. Ainsi tous les six mois environ, et tout au long de leur vie, les personnes atteintes de polypose subissent des examens réguliers du côlon et du rectum par coloscopie pour surveiller l'évolution des polypes.
Polypose colique : la chirurgie pour prévenir le cancer
Lorsque les polypes sont trop nombreux et parce qu'ils risquent d'évoluer en cancer, la seule solution consiste à retirer l'intégralité du côlon et selon les cas, le rectum, au cours de ce qu'on appelle une chirurgie prophylactique, c'est-à-dire préventive. L'opération consiste à faire l'ablation de la totalité du côlon et du rectum, et à rétablir la continuité digestive.
L'intervention est réalisée en coelioscopie. La première étape consiste à libérer petit à petit le côlon de toutes ses adhérences. Un travail qui nécessite plusieurs heures. Lors de la deuxième étape, le chirurgien dissèque le rectum. Il réalise ensuite une incision en haut du pubis, comme pour une césarienne. Cela lui permettra par la suite d'extraire le côlon de l'abdomen.
Après l'ablation du côlon et du rectum, vient la phase de reconstruction. La reconstruction consiste à recréer un réservoir. Une petite poche réalisée à l'aide d'agrafes au bout de l'intestin grêle. Son rôle : remplacer le rectum retiré. Avant de descendre le réservoir pour le suturer à l'anus, le chirurgien retire la muqueuse anale sur laquelle d'autres polypes pourraient se développer.
Pour descendre le réservoir, une pince est insérée de l'anus vers l'abdomen afin d'attraper le sommet du réservoir. Puis le réservoir est tracté de l'abdomen vers l'anus pour y être suturé. L'intestin grêle peut enfin être rattaché à l'anus.
Pour éviter les complications, la dernière étape de l'opération consiste à installer une stomie, une petite poche destinée à recueillir les selles de la patiente le temps de la cicatrisation. Ce n'est qu'après la cicatrisation complète que la continuité digestive sera rétablie.
La chirurgie est le seul moyen de lutter efficacement contre l'apparition d'un cancer. Si elle n'a pas lieu, le risque de développer un cancer colorectal avant l'âge de 40 ans est presque de 100%.
Polypose colique : vivre sans côlon
Parce qu'on ne peut pas anticiper l'évolution de la polypose, les patients doivent être suivis régulièrement tout au long de leur vie. Face à cette maladie imprévisible, une seule certitude: les patients ont une chance sur deux de la transmettre à leurs enfants.
Des polypes peuvent aussi apparaître sur le duodénum mais leur évolution est généralement plus lente que sur le côlon et le rectum.