Coronavirus : l’OMS évoque une "très grave menace" pour le monde
L’OMS réunit 400 scientifiques pour trouver des solutions face à l’épidémie du nouveau coronavirus. Encore mal connu, ce virus tout juste baptisé Covid-19 a déjà causé plus de 1.000 morts mais pourrait être moins létal que prévu.
"Cela reste une grande urgence pour (la Chine), mais cela constitue aussi une très grave menace pour le reste du monde", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, lors d'une conférence réunissant 400 scientifiques les 11 et 12 février à Genève.
Cette réunion s’ouvre alors que le nombre de personnes tuées par le nouveau coronavirus - appelé initialement 2019-nCoV puis baptisé Covid-19 par l’OMS - a franchi le 11 février la barre du millier, avec 1.016 morts en Chine continentale. Les autorités sanitaires chinoises ont par ailleurs annoncé 108 nouveaux décès en 24 heures, le plus lourd bilan quotidien enregistré à ce jour. Le nombre des cas confirmés de contamination s'établissait quant à lui à plus de 42.000. Pour l’heure, l'OMS a classé l'épidémie comme "une urgence de santé publique de portée internationale " mais se refuse encore à parler de "pandémie" à ce stade.
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"L’étincelle" d’un "grand feu" épidémique
Et en dehors de la Chine continentale, le virus a déjà tué deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong, et plus de 400 cas de contamination ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires.
Mais ce qui inquiète le plus l’OMS, c’est la concrétisation d’un scénario redouté : sans avoir jamais mis les pieds en Chine, un Britannique contaminé par le coronavirus à Singapour l'a ensuite transmis à plusieurs compatriotes lors d'un séjour dans les Alpes en France, avant d'être diagnostiqué en Grande-Bretagne. Il aurait ainsi accidentellement contaminé au moins 11 personnes - cinq hospitalisées en France, cinq autres en Grande-Bretagne et un homme de 46 ans sur l'île espagnole de Majorque où il réside.
"La détection de ce petit nombre de cas pourrait être l'étincelle qui finira par un plus grand feu" épidémique, s'était alarmé dès le 10 février Tedros Adhanom Ghebreyesus. Jusqu'alors, la majorité des contaminations identifiées à l'étranger impliquait des personnes revenues de Wuhan, épicentre de l'épidémie.
Un "partage équitable" des données du virus
La réunion de Genève, qui rassemble 400 scientifiques du monde entier, a pour principal objectif de passer en revue les moyens d’intensifier les efforts pour combattre l'épidémie.
Les spécialistes se penchent particulièrement sur la transmission du Covid-19 et sur les traitements possibles. "Ce qui importe le plus, c'est d'arrêter l'épidémie et de sauver des vies. Avec votre soutien, c'est ce que nous pouvons faire ensemble", a déclaré le directeur général de l'OMS aux participants avant d’appeler tous les pays à faire preuve de "solidarité" en partageant les données dont ils disposent sur le virus.
"C'est particulièrement vrai pour ce qui concerne les échantillons et le séquençage" du virus. "Pour vaincre cette épidémie, nous avons besoin d'un partage équitable", a-t-il dit.
Un virus encore mal connu
Car beaucoup de questions persistent encore pour bien cerner ce virus, même si les premières études scientifiques commencent à voir le jour. Parmi elles, une recherche publiée dans le JAMA le 7 février par des scientifiques de l’hôpital universitaire de Wuhan. Selon eux, si la voie primaire de contamination du Covid-19 est celle des gouttelettes émanant de la toux d’une personne infectée, la voie secondaire pourrait être fécale.
Les chercheurs ayant travaillé sur les premiers cas se seraient donc concentrés sur les patients avec des symptômes respiratoires, négligeant ceux liés au système digestif comme des douleurs abdominales et des selles liquides. 10% des patients pourraient ainsi présenter des symptômes digestifs atypiques avant les symptômes respiratoires.
Seulement 1,4% de mortalité ?
D’autres informations, révélées par d’autres scientifiques chinois, éclairent les caractéristiques cliniques du virus. Premier constat : selon des calculs réalisés sur 1.100 patients provenant de 552 hôpitaux chinois, la période d’incubation du virus pourrait s’étendre de 0 à 24 jours.
Par ailleurs, si le Covid-19 semble se propager facilement, son taux de mortalité pourrait être plus faible que prévu. Il est ainsi estimé à 1,4%, quand celui du coronavirus SRAS atteignait 9,6% et celui du coronavirus MERS culminait à 35%.
Enfin, ces scientifiques confirment l’hypothèse de l’étude du JAMA, selon laquelle les voies de transmission sont multiples, le virus pouvant se trouver à la fois dans les excréments, la salive ou l’urine des malades.
Mais attention, cette étude, relayée par le serveur de partage médical MedRxiv, n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique et n’est donc pas encore officiellement validée.
De leur côté, les experts de l'OMS estiment que 82% environ des cas répertoriés du nouveau coronavirus sont considérés comme mineurs, 15% graves et 3% "critiques".