Covid-19 : faut-il prendre des mesures plus restrictives ?
Alors que la situation sanitaire continue de se dégrader en France, l'hypothèse d'un reconfinement se profile. Local ? Total ? Seulement pour les plus fragiles ? Les médecins et chercheurs s'interrogent.
Face à l’épidémie de Covid-19, la situation s’aggrave de jour en jour. Plus de 52 000 cas de contamination ont été enregistrés en France au cours des 24 dernières heures. La barre du million de cas positifs confirmés a été franchie.
Le président du Conseil scientifique, le Pr Jean-François Delfraissy, estime qu’il faut durcir les mesures de restrictions en France face à une situation critique. Philippe Amouyel, professeur en santé publique au CHU de Lille, répond à nos questions.
La situation est-elle aussi alarmante que ce que décrit le Pr Jean-François Delfraissy ?
Pr Philippe Amouyel : Oui elle est très alarmante. Nous atteignons des valeurs d’entrée en réanimation et d’hospitalisation similaires à celles observées lors de la première vague dans certaines régions de France. Il faut bloquer cette épidémie et limiter la progression du virus extrêmement rapidement. Autrement, les services seront débordés et cette situation aura des répercussions sur tous les patients. Ceux qui souffrent de la Covid et les autres.
2 Français sur 3 doivent respecter le couvre-feu. Est-ce suffisant ou faut-il aller plus loin ?
Pr Philippe Amouyel : Aujourd’hui on ne sait pas quel impact aura ce couvre-feu. A chaque fois qu'une nouvelle mesure est mise en place, il faut attendre une quinzaine de jours avant d’en voir les effets. Là, après une première semaine, les effets ne sont pas ceux attendus. Faut-il attendre la deuxième semaine, prendre le risque que cela ne fonctionne pas ou mal, ou faut-il prendre des mesures très restrictives dès à présent ?
Le reconfinement est l'option la plus redoutée par les Français. C'est pourtant celle que vous conseillez. Dans quelle mesure ?
Pr Philippe Amouyel : Les gens ont besoin de se projeter, d'avoir des perspectives. On ne va pas se confiner, se déconfiner, avoir d'autres vagues épidémiques, en janvier, en février, en mars... Pemière persepctive : se reconfiner pendant une courte période courte, mais de manière importante. Une semaine de confinement qui soit un peu plus compatible avec l’économie. En laissant les écoles ouvertes, en modifiant les protocoles sanitaires et en apportant certains aménagements. Pour les universités, les cours pourraient continuer mais uniquement à distance.
Faut-il limiter les transports en commun ?
Pr Philippe Amouyel : On a du mal à savoir quel est le taux de contamination dans les transports. Dans la mesure où les gens ne parlent pas, la transmission par aérosol est relativement faible. Les transports, essentiels à l'économie, pourraient donc continuer fonctionner en étalant par exemple les arrivées dans les entreprises et en comptant sur des rames supplémentaires.
Concernant le monde de l'entreprise... Pour celles qui le peuvent, il faut privilégier le télétravail à grande échelle.
Enfin en ce qui concerne les commerces, il faudrait uniquement ouvrir ceux qui sont essentiels.