Covid : les nouvelles restrictions annoncées par Olivier Véran
Une large partie du territoire est classée en alerte face à l’épidémie de covid. Des mesures sont mises en place localement pour limiter la propagation du virus selon que le territoire est en alerte renforcée ou maximale.
Drapeau rouge sur la France. Pour éviter un nouvel emballement incontrôlé de l'épidémie de covid-19, le gouvernement impose aux principales villes du pays un sévère tour de vis. La plupart de ses grandes villes sont désormais en "zone d'alerte" renforcée ou maximale, a annoncé le 23 septembre le ministre de la Santé Olivier Véran.
Trois critères ont été pris en compte pour dresser cette nouvelle carte : le taux d'incidence (nouveaux cas) de la maladie dans la population, celui chez les personnes âgées (population la plus vulnérable) et la proportion des malades du covid dans les services de réanimation.
Aix-Marseille et la Guadeloupe en alerte maximale
Zones les plus touchées, la métropole Aix-Marseille et la Guadeloupe ont été classées en "zone d'alerte maximale", dernier niveau avant l'état d'urgence sanitaire. Les bars, les restaurants mais aussi tous les "établissements recevant du public" qui n'ont pas de "protocole sanitaire strict" vont y être totalement fermés, comme les théâtres, les musées ou les cinémas, a annoncé le ministre de la Santé.
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Alerte renforcée à Paris, Lille, Rennes, Montpellier…
Juste en-dessous de ce niveau d’alerte, onze autres métropoles sont en "zone d'alerte renforcée" : Paris, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, plus Bordeaux, Lyon et Nice, qui s'y trouvaient déjà.
Dans ces villes, la jauge des rassemblements est abaissée à 1.000 personnes (contre 5.000 auparavant). Les fêtes locales ou étudiantes sont interdites, les bars fermeront maximum à 22h et toutes les salles d’activités festives ou associatives, les salles de sport et les gymnases seront fermées.
Par ailleurs, les rassemblements de plus de 10 personnes dans l'espace public sont interdits.
Ces restrictions possèdent une justification médicale. Comme le rappelle Anne-Claude Crémieux, professeure en maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis (Paris), au micro de France Inter le 24 septembre, c’est la multitude de petits rassemblements qui favorise la circulation du virus : "Les personnes qui fréquentent les bars ou les restaurants ont quatre fois plus de chances d'être infectées." De même, en ce qui concerne les rassemblements privés, "les jeunes parents et les enfants peuvent transmettre aux personnes âgées, il faut prendre un maximum de précautions".
69 départements en alerte
Au total, 69 départements sur 101 sont classés en zone d'alerte. Dans ces zones, "les fêtes, mariages, tombolas, événements associatifs, anniversaires, communions devront se tenir en petit comité, à moins de 30 personnes" a précisé le ministre.
Si la situation ne s'améliore pas, d'autres métropoles pourraient passer à ce niveau, a prévenu M. Véran, en citant "Tours, Strasbourg, Dijon et Clermont-Ferrand". Et "si la situation se dégrade encore", de nouvelles villes pourraient être mises en alerte maximale, a précisé le ministre.
La crainte d’un afflux en réanimation
Selon le dernier bilan, 13.072 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures. 4.244 malades du Covid ont été hospitalisés sur les sept derniers jours, dont 675 en réanimation. La principale crainte est que l'afflux massif de malades submerge les hôpitaux et les services de réanimation.
Selon le ministre, en Île-de-France, "au rythme actuel (...), on peut s'attendre à ce que 40% des capacités régionales de réanimation soient utilisées pour des patients covid au 10 octobre, 60% le 25 octobre et 85% aux alentours du 11 novembre".
"La situation est grave, certains services hospitaliers sont dans des niveaux de saturation importants" confirme Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital George Pompidou (Paris) sur France Inter le 24 septembre.
"On n'a pas tiré les leçons"
Problème : "en octobre on risque d’avoir moins de moyens hospitaliers pour les malades du covid qu’en mars. On n’a pas tiré les leçons, on n’a pas augmenté le nombre de lits de réanimation" s’inquiète-t-il encore.
Une préoccupation partagée par la professeure Anne-Claude Crémieux : "il y a aujourd’hui du personnel qui s’en va par lassitude, et il est très difficile de recruter, on craint par-dessus tout de se retrouver dans une situation où il va falloir déprogrammer de façon massive, et cela aura des dégâts sanitaires, autant de conséquences et de décès qu’on cherche à éviter."