Covid : un niveau de virus inquiétant dans les eaux usées ?
L’analyse des eaux usées permet de suivre l’évolution de l’épidémie de coronavirus. Les derniers relevés montrent des niveaux de circulation du virus équivalents à ceux du mois de mars.
Anticiper l’évolution de l’épidémie de coronavirus… grâce aux égouts. C’est le pari du projet Observatoire épidémiologique dans les eaux usées (Obépine), qui relève depuis le début de l’épidémie les traces du virus dans une soixantaine de stations d’épuration.
Et aujourd’hui, les échantillons d’eaux usées analysés montrent un niveau d’infection de la population équivalent à celui de début mars, affirme au micro d’Europe 1 le professeur Vincent Marechal, virologue et co-créateur d’Obépine.
Le virus passe dans les selles
Comment expliquer cette observation ? Même les personnes qui présentent peu ou pas de symptômes peuvent excréter des traces de virus dans leurs selles, qui se retrouvent alors dans les réseaux d’eaux usées. Or, comme le montrent les chiffres du nombre de cas positifs, du taux de positivité ou encore de malades hospitalisés, la circulation du virus est repartie à la hausse depuis la fin de l’été.
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Pas d’"effet majeur" des mesures barrières
Si le niveau de virus dans les eaux usées est comparable à celui du mois de mars, la situation en surface est heureusement moins dramatique qu’alors. En cause, probablement : les gestes barrières comme le port du masque, la distanciation physique et sociale ou encore le traçage et l’isolement des cas contact, qui sont bien plus répandus aujourd’hui qu’au printemps.
Mais ces gestes ne suffisent pas à stopper l'épidémie : "aujourd'hui, on voit que les mesures qui ont été répétées, qui sont plus coercitives qu'au début du mois d'août, n'ont pas encore un effet majeur et ne permettent pas en tout cas de réduire la circulation du virus tel qu'on le voit à travers les eaux usées", analyse le professeur Marechal sur Europe 1.
Agir avant la vague d'hospitalisations
L’objectif désormais est d’utiliser ces données pour prévenir localement d’éventuels rebonds épidémiques. En effet, "environ 50 % des personnes infectées rejettent le virus par les selles trois ou quatre jours avant même les premiers signes cliniques", explique au Journal du CNRS Yvon Maday, professeur en mathématiques appliquées. "Voilà pourquoi cette méthode est si intéressante : l’augmentation de la concentration du virus dans les eaux usées précède celle des hospitalisations" poursuit-il.
L’objectif d’Obépine est désormais d’étendre son réseau d’analyse pour couvrir davantage de secteurs et devrait, dès cet automne, collecter les données de 150 stations d’épuration à travers la France.