Covid : on vous explique pourquoi la distanciation physique n'est pas suffisante pour se protéger
Pour limiter le risque de transmission du coronavirus, la ventilation des lieux, le temps d’exposition, le port du masque ou encore le volume sonore des échanges doivent être pris en compte en plus de la distance physique.
Un mètre de distance pour se protéger du covid, est-ce vraiment suffisant ? Des chercheurs de l’université britannique d’Oxford et du MIT américain affirment que les règles de distanciation physique sont "fondées sur des données scientifiques dépassées" et que d’autres facteurs, comme la ventilation ou l’intensité des échanges, influent davantage sur le risque de contamination. Ils publient leurs travaux le 25 août 2020 dans le journal scientifique BMJ.
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Une règle de "science obsolète"
Selon ces scientifiques, la règle des un ou deux mètres de distance – variable selon les pays – s’appuie sur de la "science obsolète". Et pour cause : elle a été établie pour d’autres maladies infectieuses, au cours du 19e siècle.
Son principe : limiter le risque lié aux gouttelettes salivaires qui tombent au sol après avoir été exhalées par le malade, par opposition aux aérosols, fines particules qui restent en suspension dans l’air.
Or pour le covid 19, les aérosols comme les gouttelettes seraient responsables de la transmission du virus. Pire, la "dichotomie" entre grosses gouttelettes et aérosols est artificielle, selon les chercheurs : quelle que soit leur taille, la distance qu'elles peuvent atteindre dépend fortement d'autres facteurs, à commencer par les flux d'air.
Volume sonore, durée d’exposition…
Conséquence, "la distanciation physique ne doit être vue que comme l'un des pans d'une approche de santé publique plus large", écrivent ainsi les auteurs. Leur idée est donc d’adapter les mesures à la situation, en prenant en compte un ensemble de facteurs qui permettront de déterminer si la distance physique est suffisante, insuffisante, voire superflue dans les situations les moins à risque.
Quels sont ces facteurs ? La ventilation et la densité d'occupation des lieux, le temps d'exposition, le port ou non du masque ou encore le niveau sonore auquel parlent les personnes présentes, listent les scientifiques. En effet, plus les personnes parlent fort, plus elles expulsent loin des gouttelettes potentiellement chargées en virus.
Et "des éléments indiquent que le SARS-CoV-2 peut se propager sur plus de deux mètres par des activités telles que la toux et les cris" rappellent les chercheurs. Derniers facteurs à mettre dans la balance : "la charge virale de l’émetteur" et "la susceptibilité d’un individu à l’infection".
La ventilation : facteur de risque majeur
Concrètement, les chercheurs proposent des "recommandations graduées ", qu’ils illustrent dans un tableau synthétique. "Cela offrirait une meilleure protection dans les situations les plus à risque, mais aussi une plus grande liberté dans les situations les moins à risque, ce qui permettrait potentiellement un retour à la normale dans certains aspects de la vie économique et sociale", poursuivent-ils.
Crédits : © Jones et al., BMJ 2020; 370 :m3223
Par exemple, dans un endroit bien ventilé où la densité de population est élevée, le risque est faible si toutes les personnes présentes portent un masque, parlent sans crier et restent sur les lieux peu longtemps - a priori moins de 15 minutes.
Le risque augmente en revanche si les personnes crient ou chantent, même avec un masque bien porté et même sur une courte période. Et il devient élevé si elles n'ont pas de masque. Enfin, selon ce tableau, la mauvaise ventilation d'un endroit clos est un facteur de risque majeur, masque ou pas.