Covid : les séquelles de la réanimation
Fatigue extrême, troubles de la mémoire, anxiété... L’immense majorité des patients hospitalisés en réanimation souffrent de séquelles physiques, cognitives ou psychologiques.
Il a bien cru ne plus jamais retrouver son atelier. Fin mars, Jamal Lansari, 60 ans, est terrassé par le Covid-19. Il est hospitalisé en réanimation et passe 5 jours en coma artificiel. S’il n’en garde aucun souvenir, son corps témoigne de la violence de l’expérience. “Quand vous sortez de l’hôpital après un corona, une intubation, vous n’avez plus de mollet, plus de muscle, plus de cuisse... Quand vous marchez, vous sentez les appuis des os. Quand vous faites quatre pas, c’est comme si vous faisiez un kilomètre."
Grâce à des séances de kiné, il a récupéré une partie de ses capacités respiratoires. La fatigue commence aussi à s’estomper. Reste l’angoisse. “Je remonte la pente, mais quand même, dans la tête, il y a toujours cette inquiétude, cette angoisse d’être recontaminé...Il y une certaine séquelle psychologique.”
Des séquelles variables selon les patients
Comme beaucoup de patients graves du Covid-19, Jamal Lansari souffre d’un syndrome post-réanimation. C’est le cas de la majorité des patients après ce type d’hospitalisation. Ils ont des séquelles physiques ou cognitives comme des trous mémoires. Certains ont aussi des troubles psychiatriques : de l’anxiété qui peut aller jusqu’au stress post-traumatique. Le Dr Charlotte Salmon, médecin réanimateur au CHRU de Tours (37), explique : “C’est très agressif de séjourner en réanimation. Les gens sont intubés, endormis... Et quand ils se réveillent, ils ont une espèce de trou noir. Ils ne se souviennent pas de ce qui s’est passé et c’est très stressant pour eux, rétrospectivement. Ils ont aussi des troubles anxieux et parfois de vrais syndromes dépressifs.”
Une application pour détecter le syndrome post-réanimation
Toutes ces séquelles peuvent être prises en charge. A l’hôpital de Tours, les médecins viennent de lancer une application sur smartphone pour améliorer le suivi des patients. Il s’agit de questionnaires permettant de dépister les séquelles de la réanimation.