Covid : les services de réanimation sous tension
Aujourd’hui 951 patients atteints du Covid-19 sont hospitalisés dans un service de réanimation. Ils étaient environ 7 000 au pic de la crise, début avril.
L’objectif des mesures annoncées hier par le ministre de la Santé, Olivier Véran, est d’éviter la propagation du virus et la saturation dans les services de réanimation. En effet, certains services de réanimation sont déjà sous tension. Ils pourraient même être saturés dans les prochaines semaines voire pour certains dans les prochains jours.
A Toulouse, depuis lundi les admissions de patients Covid en réanimation augmentent. A ce stade quelques places sont encore disponibles. Mais les équipes restent vigilantes et se préparent à devoir limiter le nombre de patients admis pour d’autres pathologies, cancer ou chirurgie.
"l’objectif dans cette deuxième période c’est de maintenir l’activité qu’on avait avant"
« On sait que sur la première vague, il nous a fallu une semaine pour vider les réanimations et accueillir les Covid. Là on sait que ça pourra être plus court, mais quand même, l’objectif dans cette deuxième période c’est de maintenir l’activité qu’on avait avant et là on y arrive. Mais quelle sera la situation dans 15 jours, on ne peut pas le savoir », déclare le Dr Béatrice Riu, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Toulouse.
Le risque de saturation est réel, les projections sont alarmantes. En région Auvergne-Rhône-Alpes 597 lits sont disponibles à l’heure actuelle, jusqu’à 967 en déprogrammant les opérations. Mais si la courbe des admissions exponentielle ne fléchit pas, les capacités actuelles seront dépassées début octobre, les capacités maximales dix jours plus tard. Même risque de saturation à Marseille.
"on est extrêmement contraints en termes de places et de personnel disponible"
« On est inquiets sur ce qui va se passer d’après les projections qu’on peut avoir vers la mi-octobre, début novembre, en sachant qu’on est extrêmement contraints en termes de places et de personnel disponible et qu’il y a une chose dont on n’a pas envie : c’est de sélectionner les patients et dire si c’est un patient Covid, on l’accepte, si c’est un patient non covid, on ne l’accepte pas."
Si la situation est stabilisée, on arrivera à passer comme ça, si la situation se dégrade, en cours de semaine prochaine, il faudra y recourir », explique le Pr Marc Leone, médecin anesthésiste-réanimateur, à l’Hôpital Nord de Marseille.
Vigilance renforcée aussi à Montpellier, Lyon, Paris, où les lits de réanimation pourraient se remplir dans les semaines à venir.
« Si on attend que les services de réanimation soient saturés, ça veut dire qu’on a atteint le dernier rempart et donc quand les services de réanimation sont saturés, il n’y a plus d’autre choix que de confiner globalement tout le monde ou alors d’accepter qu’il y ait un certain nombre de personnes qui ne soient pas soignées ou décèdent par défaut de soin », s’inquiète le Pr Djillali Annane, réanimateur à l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches en région parisienne.
Une situation déjà vécue lors de la première vague épidémique, que les soignants veulent à tout prix éviter.