Didier Raoult objet d’une plainte pour infraction au code de déontologie
La Société des pathologies infectieuses a porté plainte en juillet auprès de l’Ordre des Médecins. Le professeur marseillais risque la radiation.
Hydroxychloroquine, affirmation que l’épidémie de Covid est terminée, insinuations douteuses à l’égard de ses confrères … Didier Raoult s’est particulièrement illustré dans les médias depuis le début de la crise sanitaire.
En juillet, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) a déposé une plainte auprès du Conseil départemental de l’Ordre des Médecins des Bouches-du-Rhône, selon une information du Figaro confirmée par la Spilf à Allodocteurs.fr. Cette dernière accuse l’infectiologue d’avoir enfreint neuf articles du code de déontologie.
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La prescription d’hydroxychloroquine
Les 500 spécialistes des maladies infectieuses qui composent la Spilf reprochent ainsi au professeur marseillais sa promotion d’un traitement qui n’a pas montré son efficacité. Selon eux, « aucune donnée acquise par la science [n’est] clairement établie à ce sujet ». Les plus récentes études tendent à converger vers l’inefficacité de la molécule pour traiter le Covid.
En outre, les risques liés à la prise de l’hydroxychloroquine, en particulier cardiaques, sont établis. Entre janvier et mai, l’ANSM a enregistré 150 cas d’atteinte cardiaque liés à la prise de cette molécule dans le cadre d’un traitement contre le Covid, dont 7 décès.
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Imprudence quand aux répercussions de ses propos
Le code de déontologie médicale requiert de « faire preuve de prudence » et d’avoir le « souci des répercussions de ses propos ». La Spilf considère que Didier Raoult n’a pas respecté cette règle, notamment lorsqu’il a affirmé à plusieurs reprises que l’épidémie était terminée.
L’hydroxychloroquine entre également en ligne de compte : le professeur a assuré que cette molécule entraînait une « amélioration spectaculaire » dans les cas de Covid. Mais le professeur a ensuite affirmé aux députés de la commission d’enquête n’avoir « jamais recommandé ce traitement ».
« On peut se demander si ses prises de position très tranchées (…) n’ont pas contribué à nuire au message de prévention et de santé publique, et donc à la protection de la population », écrivent les auteurs de la plainte.
Manquements au devoir de confraternité
La Spilf reproche également au professeur Raoult ses nombreuses offenses envers le reste du corps médical. Il avait traité de « fous » les médecins qui ne prescrivaient pas son traitement.
En outre, lors d’une interview sur BFMTV, l’infectiologue a insinué que les médecins avaient délibérément laissé mourir des patients : « A Paris, on comptait les morts, moi je comptais les positifs (…) On n’a pas soigné les gens. »
Manquements à la légalité
Le professeur a poursuivi ses prescriptions d’hydroxychloroquine en totale infraction avec les recommandations des autorités sanitaires.
De plus, la Spilf accuse Didier Raoult d’avoir réalisé ses essais cliniques hors du cadre légal, en incluant des enfants par exemple. Aucun comité d’éthique n’avait par ailleurs donné d’autorisation à la tenue de ces essais. Cela a entraîné une enquête de l’ANSM, toujours en cours.
La plainte de la Spilf doit d’abord aboutir à une proposition de conciliation entre les deux parties. Si elle n’aboutit pas, la chambre disciplinaire régionale prendra le relais. Les sanctions encourues par l’infectiologue vont du simple avertissement à la radiation définitive.