Le deuxième confinement mieux vécu dans les EHPAD
La décision de poursuivre les visites dans les EHPAD pendant le confinement a été accueillie avec soulagement par les personnes âgées et leurs proches. Reportage dans un établissement des Yvelines (78).
Quelques mots échangés. Parfois, juste un regard. Voici ce qui avait manqué à Aimée et ses proches pendant le premier confinement. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, cette retraitée, presque centenaire, a l’habitude de recevoir sa fille et son gendre dans la maison de retraite où elle vit. La perspective d’une nouvelle rupture du lien était une immense source d’angoisse pour René Boulle, son gendre. “Ma belle-mère s’en est sortie correctement. On l’a trouvée presque aussi bien que quand le confinement a commencé. Mais, quand on a vu les autres personnes du même étage, on s’est dit qu’il ne faut pas que ça recommence. Du moins, pas comme ça.”
Eviter les syndromes de glissement
Les professionnels du secteur militaient aussi pour ne pas isoler à nouveau les résidents dans leur chambre. Au printemps dernier, le confinement avait provoqué de nombreux syndromes de glissement chez les personnes âgées. Johan Girard, délégué national de la filière “personnes âgées et domicile” à la Croix-Rouge Française, détaille : “certains se laissent partir d’une certaine manière, en disant “à quoi bon vivre si je ne peux pas voir mes proches, mes enfants, mes petits-enfants, mes arrières petits-enfants, alors qu’il n’y a que ça qui me tient à la vie”. Donc évidemment, ces éléments-là doivent pouvoir être entendus et c’est dans cet esprit-là qu’on a fait une action de communication auprès des pouvoirs publics”.
Au printemps dernier, pour garder le contact avec Simone, sa tante de 93 ans, Nicole Lefevre avait dû trouver des astuces. “Elle avait le balcon de sa chambre qui donne sur une petite ruelle. En fait, je venais, je l’appelais au téléphone, et j’étais de l’autre côté de la ruelle, à 5-6 mètres donc on pouvait se faire coucou.” Pour Nicole et sa tante Simone, le maintien des visites pendant ce nouveau confinement est un vrai soulagement.
Un protocole sanitaire strict
Alors pour garder le lien tout en limitant les risques de contamination des résidents, les visites se font uniquement sur rendez-vous, dans un espace dédié et désinfecté régulièrement. Il faut respecter les gestes barrières, donc les embrassades, et les contacts physiques sont interdits. Ce qui n’est pas toujours évident, notamment avec les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives. Mais, l’EHPAD pourrait suspendre les visites à tout moment en cas d’apparition d’un foyer de contamination au coronavirus.