Ebola : 120 morts parmi les personnels de santé
L'épidémie d'Ebola a tué jusqu'à présent 120 membres des personnels de santé, alors que les trois pays les plus touchés - Liberia, Guinée et Sierra Leone -, ne comptent qu'un à deux médecins pour 100.000 habitants, a déploré l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"A ce jour, plus de 240 travailleurs de la santé ont développé la maladie en Guinée, au Nigeria et en Sierra Leone, et plus de 120 sont morts", a indiqué l'OMS dans un communiqué, le 25 août 2014.
Plusieurs facteurs expliquent cette "proportion élevée" de personnels médicaux infectés, selon l'OMS, qui cite la pénurie d'équipements de protection individuelle (masques et gants) et leur mauvaise utilisation, le nombre largement insuffisant de médecins et la surcharge de travail des médecins qui sont donc plus enclins à faire des erreurs.
En outre, souligne l'OMS, "bon nombre des plus récentes épidémies d'Ebola ont eu lieu dans des zones reculées, dans une partie de l'Afrique qui est plus familière avec cette maladie, et avec des chaînes de transmission qui étaient plus faciles à suivre".
Rétablir la confiance des populations locales
"L'épidémie actuelle est différente", insiste l'OMS, qui explique que les médecins et les habitants des pays affectés ne sont pas "familiers avec la maladie", ce qui fait régner la "peur dans des villages et des villes entières".
L'épidémie de fièvre hémorragique Ebola, qui a déjà fait près de 1.500 morts, "explose dans des pays où les services de santé ne fonctionnent pas, ravagés par des décennies de guerre. En plus, la population se méfie radicalement des autorités", a relevé le professeur belge Peter Piot, co-découvreur du virus Ebola en 1976, dans une interview au journal Libération. "Il faut rétablir la confiance. Rien ne peut se faire dans une épidémie comme celle d'Ebola sans la confiance", a-t-il souligné, estimant également que "toutes les conditions étaient réunies pour que l'épidémie s'emballe" et regrettant "la lenteur extraordinaire" de la riposte de l'OMS.
Ebola, malaria, fièvre typhoïde : des symptômes similaires
"Les premiers symptômes de plusieurs maladies infectieuses endémiques dans la région, comme la malaria, la fièvre typhoïde et la fièvre de Lassa, sont similaires à ceux du virus Ebola. Les patients infectés ont souvent besoin de soins d'urgence. Leurs médecins et infirmières peuvent n'avoir aucune raison de soupçonner qu'il s'agit d'Ebola et ne voient pas la nécessité de prendre des mesures de protection", poursuit l'OMS.
Selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 20 août 2014, la fièvre hémorragique a fait au total 1.427 morts (confirmés, probables ou suspects) dont 624 au Liberia, 406 en Guinée, 392 en Sierra Leone et 5 au Nigeria.
Un à deux médecins pour 100.000 habitants
Dans les trois pays les plus touchés, l'OMS estime que seul un à deux médecins sont disponibles pour 100.000 habitants, surtout dans les villes, alors que l'épidémie d'Ebola affecte également les zones rurales.
Alors que l'OMS a toujours plus de peine à trouver des médecins pour se rendre dans les pays affectés, l'Union africaine a lancé une initiative d'urgence pour recruter du personnel soignant parmi ses membres.
Jusqu'à présent, seul un expert de l'OMS a contracté le virus à l'origine de la fièvre hémorragique.
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