Ebola : en Afrique de l'Ouest la lutte s'intensifie

Alors que l'épidémie d'Ebola, responsable de près de 1.000 morts, continue d'inquiéter à travers le monde, les pays d'Afrique de l'Ouest ont intensifié leurs efforts de lutte. Ils espèrent pouvoir recourir à un anticorps expérimental ou un vaccin en cours d'élaboration contre ce virus hautement mortel.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Ebola : en Afrique de l'Ouest la lutte s'intensifie

Au Liberia, où a été  décrété le 6 août 2014 l'état d'urgence pour 90 jours, un centre d'appels téléphoniques pour améliorer la prévention a été mis en place.

L'armée contrôlait strictement les accès à la capitale, Monrovia, en provenance de régions touchées par la flambée de fièvre, qui affecte deux autres États voisins - la Guinée et la Sierra Leone - ainsi que le Nigeria.

L'épidémie, déclarée en Guinée, est la plus grave depuis la découverte en 1976 en Afrique centrale du virus Ebola, qui se transmet par contact direct avec le sang et des liquides biologiques de personnes ou d'animaux infectés. La fièvre Ebola est hautement contagieuse et son taux de décès varie de 25 à 90%.

Elle a fait plus de 960 morts sur près de 1.800 cas (confirmés, probables ou suspects) dans les quatre pays touchés, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), évoquant une "urgence de santé publique de portée mondiale".

L'état d'urgence sanitaire a été instauré en Sierra Leone et au Nigeria.

En Sierra Leone, quelque 1.500 militaires et policiers ont été déployés sous le nom de code "Opération Octopus" (pieuvre) pour veiller à l'application stricte des mesures anti-Ebola. Ces mesures de prévention restent essentielles pour limiter la propagation du virus à l'origine de cette fièvre hémorragique.

Le Nigeria, qui a déjà enregistré deux morts d'Ebola, a suspendu les vols de la compagnie nationale gambienne sur son territoire, jugeant ses mesures de précaution "insatisfaisantes" alors qu'elle opère notamment au Liberia et en Sierra Leone.

La Guinée avait annoncé samedi la fermeture de ses frontières terrestres avec Liberia et Sierra Leone. Mais elle est revenue sur cette décision quelques heures plus tard, souhaitant éviter une multiplication de déplacements transfrontaliers clandestins.

La Côte d'Ivoire, voisine du Liberia et de la Guinée, a annoncé, lundi 11 août 2014, la suspension des vols de sa compagnie nationale vers et depuis les pays affectés par la fièvre Ebola et a interdit à toutes les compagnies de transporter les passagers de ces pays vers Abidjan.

Test négatif pour un cas au Sénégal

Au Sénégal, pays voisin de la Guinée, l'analyse des prélèvements sur un malade présentant les symptômes d'une fièvre hémorragique et mis en quarantaine dans la région de Matam (nord du Sénégal) ont exclu la présence du virus Ebola.

Le Rwanda a annoncé dimanche soir avoir placé en isolement un étudiant allemand hospitalisé à Kigali, présentant des symptômes de la maladie d'Ebola.

Hors du continent, un Roumain de retour du Nigeria a été placé en quarantaine dimanche dans un hôpital de Bucarest. L'hôpital estime "à près de 99%" qu'il ne s'agit pas d'Ebola mais attend les résultats des analyses pour en avoir la certitude.

A Hong Kong, les examens se sont révélés négatifs sur un Nigérian qui avait été mis en isolement. Cette ville de quelque 7 millions d'habitants reste marquée par l'épidémie de pneumonie atypique (Sras) qui y a fait 300 morts en 2003.

Multiplication des appels pour l'utilisation des traitements expérimentaux

Les appels se sont multipliés ces derniers jours en faveur de mesures d'exception, de prévention ou de mise à disposition de moyens extraordinaires, y compris l'éventuelle utilisation de traitements curatifs ou préventifs encore expérimentaux, en cours de développement dans des laboratoires occidentaux.

Une téléconférence se tient lundi 11 août à l'OMS entre experts pour définir une position devant les appels pressants à utiliser des médicaments non agréés pour tenter de sauver des malades.

Il n'existe pour l'instant aucun traitement ou vaccin spécifique contre la fièvre Ebola.

Certains Etats ont souhaité pouvoir utiliser un anticorps expérimental développé aux Etats-Unis, le "ZMapp", jamais testé sur l'homme, et qui a été administré à deux Américains infectés au Liberia. Quelques centaines de traitements ZMapp pourraient être disponibles d'ici la fin de l'année, a indiqué à l'AFP le Dr Marie-Paule Kieny, directrice générale adjointe de l'OMS, mais il y a d'autres traitements plus avancés pour d'autres maladies qui pourraient être adaptés ou utilisés potentiellement pour l'Ebola et être mis à la disposition plus rapidement".

Le TKM-Ebola de la société canadienne Tekmira a fait l'objet pour son développement d'un contrat de 140 millions de dollars du département américain de la Défense. L'agence américaine des médicaments (FDA) a en partie levé sa suspension d'essai clinique de ce traitement expérimental. Décision qui ouvre la voie à son éventuelle administration à des personnes infectées, a estimé la firme.

Le favipiravir (ou "T-705"), un antiviral contre la grippe de Toyama Chemical, filiale de FujiFilm, émergerait comme traitement potentiel, selon la presse économique. Un porte-parole de Fujifilm a indiqué être en pourparler avec les autorités américaines pour le tester.

Selon le Dr Okwo-Bele, "on pense aussi à utiliser du sérum de convalescence" (anticorps provenant de gens guéris).

Pour le Pr Hervé Raoul (Inserm), qui dirige le laboratoire de haute sécurité P4 Jean Mérieux à Lyon, "les antiviraux, plus faciles à utiliser au cours d'une épidémie, sont la priorité". Ils permettraient de faire baisser le nombre de malades, facilitant ainsi la mise en oeuvre des mesures de prévention.

Pour cette maladie qui tue en quelques jours 60% des personnes touchées, "il faut passer le pic de réplication (multiplication) du virus. Il y a une corrélation entre la quantité de virus et l'aggravation de l'état du patient. Donné à temps, un médicament qui bloquerait cette prolifération pourrait permettre au malade de récupérer avec ses propres défenses".

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