Du Viagra® pour enrayer la transmission du paludisme ?
La célèbre pilule bleue utilisée pour traiter les troubles de l'érection pourrait être utilisée pour lutter contre la transmission du paludisme. Cette étonnante découverte a été réalisée par des chercheurs du CNRS, de l'Inserm et de l'Université Paris-Descartes, en collaboration avec une équipe anglaise.
Les traitements habituels contre le paludisme ciblent les formes asexuées de ce parasite, responsables des symptômes, mais pas les formes sexuées transmises de l'homme au moustique lors d'une piqûre. L'éradication de cette maladie nécessite donc le développement de nouveaux types de traitements contre les formes sexuées du parasite pour bloquer cette transmission et ainsi éviter la dissémination du parasite dans la population.
Les chercheurs ont donc étudié la façon dont le parasite se diffuse dans le sang. En temps normal, les globules rouges sont filtrés par la rate : cet organe retient les globules souples et vigoureux, et rejette les cellules rigides, vieilles ou anormales. Le parasite, lui, parvient à se dissimuler dans les globules rouges jeunes et souples, et à passer ainsi le filtre, incognito, augmentant alors le risque de se faire absorber par un moustique.
A l'aide d'un modèle in vitro reproduisant la filtration du sang par la rate, les scientifiques ont donc cherché à rendre les globules rouges infectés plus rigides et donc à favoriser leur élimination. Pour cela, ils ont testé une centaine de molécules et il se trouve que le sildenafil citrate, plus connu son le nom de Viagra®, est sorti du lot. "Le Viagra® va permettre aux globules rouges infectés de devenir rigides et tout l’intérêt de ce médicament c’est qu’il est déjà sur le marché et qu’il a très peu d’effets secondaires", explique Catherine Lavazec, biologiste à l’Institut Cochin (CNRS) à Paris.
Cette découverte ouvre donc la voie à une nouvelle approche pour bloquer la propagation du paludisme à travers la population. Pour cela, les chercheurs doivent modifier le principe actif du Viagra® pour éviter son effet érectile ou tester des molécules similaires dépourvues de cet effet avant de débuter des essais chez l'homme.