Lyme : deux labos attaqués en justice
Des patients souffrant de la maladie de Lyme assignent deux laboratoires en justice pour avoir commercialisé des tests de dépistage "défectueux". Ces tests n’auraient pas été suffisamment fiables pour détecter leur maladie à temps.
Des tests pas assez fiables. 93 patients atteints de la maladie de Lyme accusent les tests de dépistage de ne pas avoir détecté leur maladie à temps. Ils assignent deux laboratoires en justice devant le tribunal de Nanterre pour commercialisation de "produits défectueux".
Faux positifs et faux négatifs
Ces tests de type "Elisa", commercialisés par les laboratoires italien DiaSorin et américain Bio-Rad, sont censés détecter la Borrélia, la bactérie responsable de la maladie de Lyme et transmise par les morsures de tiques.
Problème : ces tests "produisent des faux positifs et des faux négatifs", font valoir les avocats des demandeurs, Julien Fouray et Catherine Faivre. Tous deux ont lancé cette action collective - le "Lymaction" - en 2016, en soulignant que la fiabilité des tests est "contestée par une partie de la communauté des infectiologues".
En effet, ces tests ne détectent pas toutes les souches de bactérie Borrélia : "entre trois et cinq souches pathogènes identifiées alors qu'il en existe une vingtaine, selon le Centre national de référence de Strasbourg", rappellent les avocats. Ce qui aboutit d'un côté à une sous-estimation de la détection. Et, à l’inverse, le test Elisa produit beaucoup de faux positifs : l’infection est détectée alors que le patient est sain.
"Préjudice d’anxiété"
Ce sont donc "des produits défectueux" et "la responsabilité des fabricants est directement engagée à raison du préjudice d'anxiété né, chez les patients, de l'incertitude attachée aux résultats des tests", explique Me Fouray. Ni l'avocat ni la direction de DiaSorin n'ont pu être joints pour commenter l'action intentée contre eux. Une porte-parole de Bio-Rad contactée par l'AFP n'a, elle, pas souhaité communiquer "sur une procédure en cours".
Après ce premier round judiciaire, il y aura "d'autres assignations" devant des juridictions civiles dans les mois qui viennent à Paris et Bobigny, souligne Me Fouray.
Un diagnostic encore difficile à établir
La manifestation de la maladie de Lyme peut se limiter à une rougeur caractéristique autour de la morsure (ou érythème migrant). Mais dans certains cas, notamment quand elle n'est pas diagnostiquée et traitée par des antibiotiques, elle provoque des troubles invalidants et douloureux, notamment neurologiques, articulaires et musculaires.
En France, la maladie de Lyme aurait touché plus de 68.500 personnes en 2018, soit en moyenne 104 cas pour 100.000 habitants, selon les dernières estimations publiées par l'agence Santé publique France. Mais ces chiffres sont difficiles à estimer précisément parce que la maladie de Lyme n’est pas une maladie à déclaration obligatoire et parce que le diagnostic est difficile à établir. A l’imprécision des tests s’ajoute en effet une grande variété de symptômes peu spécifiques. Résultats, selon plusieurs sociétés scientifiques, les patients qui présenteraient des "symptômes persistants" divers attribués à Lyme relèvent dans 80% des cas d’un "autre diagnostic", le plus souvent lié à des troubles neurologiques, psychologiques ou articulaires.