Tique : la fièvre hémorragique de Crimée-Congo bientôt en France ?
À cause du réchauffement climatique, la fièvre du Congo pourrait se propager en France, alerte l'Anses. Les temps secs et les températures chaudes sont en effet favorables à la tique qui transmet cette maladie.
Une émergence de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo est-elle possible en France ? Oui, si une tique porteuse du virus et présente sur une partie de l'Hexagone, se propage davantage avec le dérèglement climatique, a répondu jeudi 1er juin l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un avis et rapport. L'établissement public appelle à une surveillance de ces animaux.
Une tique originaire d’Afrique et d’Asie
Vecteur de nombreux agents pathogènes, dont le virus de la fièvre de Crimée-Congo (FHCC), la tique Hyalomma est originaire d’Afrique et d’Asie. Introduite principalement par des oiseaux migrateurs venant d’Afrique, cette tique est présente en Corse depuis plusieurs décennies, et sur le littoral méditerranéen depuis 2015.
Si "aucun cas humain de contamination par le virus de la fièvre de Crimée-Congo n’a encore été observé" en métropole, l'Anses juge dans son rapport qu'"une émergence en France est possible".
En Espagne, une dizaine de cas humains autochtones de cette fièvre ont ainsi été rapportés depuis 2013, dont certains ont entraîné le décès du malade, observe l'agence.
Fièvre létale dans 30% des cas
Si cette fièvre se limite généralement à un syndrome grippal avec des troubles digestifs, "dans certains cas, elle peut s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30% dans certains pays".
En France, des anticorps spécifiques au virus ont été retrouvés chez des animaux domestiques et sauvages, note aussi l'agence sanitaire.
Climats secs et périodes chaudes
Le risque d'apparition de la fièvre de Crimée-Congo en France est "d’autant plus probable que l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques", selon Elsa Quillery, coordinatrice de l’expertise scientifique au sein de l'Anses.
En effet, les climats secs et les périodes chaudes sont prisés des tiques Hyalomma, retrouvées jusqu'alors en France surtout dans la garrigue ou le maquis méditerranéen, contrairement aux autres tiques, plutôt forestières.
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Surveiller les zones à risque
L’Anses appelle donc à une surveillance nationale de ces tiques, en ciblant les zones les plus à risque et en développant des outils pour détecter précocement les pathogènes transmis.
"Contrairement à ce qui existe pour les moustiques,
aucun dispositif de surveillance national n’est organisé pour les tiques, alors
qu’elles transmettent des maladies graves comme la FHCC mais aussi la maladie
de Lyme ou l’encéphalite à tiques", a relevé Elsa Quillery.
Les zoonoses, maladies transmises à l'humain par des animaux,
se sont multipliées ces dernières années, laissant craindre de nouvelles
pandémies.