Zika : un vermifuge pour stopper le virus ?
Un traitement, couramment utilisé pour traiter le ténia, pourrait être efficace pour stopper la progression du virus Zika dans l'organisme, selon une étude réalisée in vitro.
Le niclosamide, utilisé depuis une cinquantaine d'années pour traiter le ver solitaire, serait également capable de bloquer la progression du virus Zika, selon une étude publiée dans Nature Medicine le 29 août. Lors de travaux, menés en laboratoire sur des cellules infectées par Zika, les chercheurs ont découvert que deux classes de substances pouvaient être efficaces contre Zika : le niclosamide et l'emricasan.
6.000 molécules, parmi lesquelles des substances couramment en pharmacologie, ont été testées sur les cellules. "Nous nous sommes concentrés sur les molécules les plus proches d'une utilisation clinique", explique le Pr Tang, l'un des auteurs de l'étude.
Réduire la charge virale du virus chez l'homme ?
Selon leurs observations, le niclosamide serait capable de bloquer la multiplication du virus Zika dans le cerveau. L'emricasan, une substance actuellement expérimentée pour traiter la fibrose hépatique, serait quant à lui capable d'empêcher que le virus ne tue les cellules neuronale du foetus.
Les deux substances se sont montrées efficaces avant et après exposition au Zika, avec des bénéfices encore plus importants lorsqu'elles étaient utilisées ensemble. Au-delà des femmes enceintes, le niclosamide pourrait, selon les chercheurs, également être utilisé "pour réduire la charge virale chez les hommes et les femmes non enceintes, ce qui réduirait la transmission du Zika et pourrait éviter des cas de Guillain-Barré et d'autres complications chez l'homme".
Pas assez de preuves pour l'instant
Bien que le niclosamide soit bien toléré et qu'il ne présente pas de risque pour le foetus, selon des études faites sur l'animal, les chercheurs ne recommandent pas aux femmes enceintes d'en prendre pour l'instant. "Il n'y a pas encore de preuve que le niclosamide soit efficace. Des études sur l'animal suivies d'études cliniques sont encore nécessaires", a indiqué l'AFP Hongjun Song, un co-auteur de l'étude.
Quant à l'emricasan, il devra encore "suivre le processus normal de développement des médicaments et cela prendra encore quelque temps", ajoute-t-il. Actuellement, il n'existe aucun vaccin ni aucun traitement contre Zika. Transmis par des moustiques, le virus est à l'origine d'une épidémie qui a déjà touché 1,5 million de personnes au Brésil.
Source : Identification of small-molecule inhibitors of Zika virus infection and induced neural cell death via a drug repurposing screen. Tang et al. Nature Medicine, août 2016. doi:10.1038/nm.4184