L'obésité, cause de discrimination à l'embauche
Le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail viennent de publier une nouvelle étude sur la "perception des discriminations dans l'emploi". Les femmes obèses seraient huit fois plus discriminées que celles qui ont un indice de masse corporel normal. A titre de comparaison, les hommes obèses se disent seulement trois fois plus discriminés.
- Comment expliquez-vous que les kilos en trop soient plus discriminants pour les femmes ?
Slimane Laoufi, chef du Pôle emploi privé auprès du Défenseur des droits : "Je pense qu'on attend beaucoup plus des femmes une corpulence qui rentre dans une moyenne, dans des codes, des normes qu'on se fixe. On est vraiment sur des préjugés. C'est ce qu'on a ressenti lorsqu'on a fait cette étude."
- S’agit-il d’un phénomène nouveau ?
Slimane Laoufi : "Ce n'est pas un phénomène nouveau. Mais, ce qui est nouveau, c'est que les personnes en parlent. Elles sont libérées dans leur parole. Avant, elles n'osaient pas, elles étaient résignées."
- Que peut-on faire pour lutter contre ces discriminations ? On évoque souvent le CV anonyme. Est-ce une piste intéressante ?
Slimane Laoufi : "Le CV anonyme n'est pas vraiment intéressant. C'est un outil comme un autre, mais le problème c'est qu'après il y a l'entretien. Et 80% des personnes interrogées dans l'étude nous disent que la discrimination à leur égard s'est faite à l'entretien. Les recruteurs nous disent que la décision est prise dans les trente premières secondes de l'entretien, lorsqu'ils voient la personne."
- Pourquoi les employeurs sont-ils réticents à embaucher des personnes obèses ?
Slimane Laoufi : "On est forcément sur des préjugés. Pour beaucoup, la personne obèse est celle qui se laisse aller, qui n'a pas de contrôle, qui ne sait pas prendre de décisions pour dire par exemple, j'arrête de manger pour retrouver une taille normale. Le stéréotype dans le monde professionnel, ça va être de dire que si cette personne ne peut pas prendre de décision, ne se contrôle pas, elle ne pourra pas faire du management, elle ne pourra pas encadrer des personnes ou prendre des décisions pour l'intérêt du travail."
- En dehors de l’apparence physique, quelles sont les autres sources de discrimination ?
Slimane Laoufi : "Le premier critère de discrimination est l'origine, vient ensuite le handicap, l'état de santé, les activités syndicales, le sexe et la grossesse."