Maladie de Huntington : un traitement prometteur
Des chercheurs de l'Inserm et de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière ont présenté ce 7 janvier 2015 une nouvelle approche thérapeutique prometteuse pour ralentir l'évolution de la maladie de Huntington – une pathologie grave qui touche environ 5.000 personnes en France. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Neurology.
La maladie de Huntington touche environ 5.000 personnes en France. Elle découle d'une altération génétique héréditaire, sur le chromosome 4, qui entraîne la production d'une forme anormale de la protéine huntingtine (qui joue un rôle clef dans la survie des cellules nerveuses). Cette anomalie entraîne une dégénérescence progressive des neurones qui entraine des troubles neurologiques, moteurs, cognitifs et psychiatriques.
Une perte de poids est également constatée chez les patients à un stade précoce de la maladie.
Les mécanismes à l'œuvre dans le déclenchement et la progression des symptômes de la maladie de Huntington sont aujourd'hui méconnus.
S'interrogeant sur l'origine du symptôme de perte de poids, la chercheuse française Fanny Mochel et son homologue nord-américain Ronald Haller ont émit en 2011 l'hypothèse d'un dysfonctionnement des processus de stockage de l'énergie par l'organisme des malades. Un problème de métabolisation énergétique qui pourrait, en outre, jouer un rôle clef dans l'apparition de leurs symptômes neurologiques.
Pour valider cette hypothèse, une équipe dirigée le docteur Mochel a réalisé des dosages de composés chimiques caractéristiques de la métabolisation énergétique dans le cerveau de patients, durant plusieurs minutes.
Neuf patients et treize volontaires sains ont ainsi été soumis à un stimulus visuel (un damier clignotant) pendant que les mesures étaient réalisées.
"On s'est aperçu que les variations du rapport de concentration entre deux composés énergétiques [riches en phosphore] traduisaient parfaitement ce dysfonctionnement énergétique cérébral [chez les malades]", explique le Dr Mochel dans un communiqué de l'Inserm.
Une fois cet indicateur biologique identifié, les chercheurs disposaient d'un outil précieux pour tester l'efficacité de divers traitements destinés à rétablir un métabolisme cérébral correct.
"Dix patients atteints de la maladie de Huntington ont pris pendant un mois, un traitement à base de triheptanoïne", détaillent les chercheurs. "Le choix [de ce triglycéride] ne s'est pas fait au hasard, puisqu'il avait déjà fait ses preuves chez des malades atteints de maladies rares incapables d'utiliser certains lipides présents dans l'alimentation."
"A la fin de cet essai thérapeutique, le profil énergétique [des patients] était normalisé", poursuivent-ils. "L'idée était de compenser le dysfonctionnement énergétique généralisé par un apport supplémentaire de métabolites spécifiques capables de ré-enclencher le bon fonctionnement énergétique de l'organisme".
Les chercheurs souhaitent initier dans les prochains mois, en France et aux Pays-Bas, une étude en double aveugle d'une durée de un an, chez une centaine de patients.
"La complexité de la maladie nous oblige à concevoir des approches thérapeutiques complémentaires de façon à cibler différentes facettes de la maladie : génétique, métabolique, inflammatoire, etc.", conclut le Dr Mochel. "Utilisées ensemble, ces approches auront probablement les meilleures chances de succès comme c'est le cas dans d'autres pathologies plus fréquentes."
Source : Triheptanoin improves brain energy metabolism in patients with Huntington disease. F. Mochel et coll. Neurology, 7 janvier 2015 doi:10.1212/WNL.0000000000001214