Grippe : "On ne prend pas assez en compte la vulnérabilité des personnes âgées"
Alors que l’épidémie de grippe a débuté en Île-de-France, l’Association des Directeurs au service des Personnes Âgées alerte sur les conséquences de la propagation du virus pour nos aînés.
"L’année dernière, l'épidémie de grippe a provoqué près de 15 000 décès ! Pour l’essentiel, c’étaient des personnes âgées. A chaque fois qu’il y a une crise de cette ampleur, les moyens déployés par les pouvoirs publics ne sont pas suffisants", constate Romain Gizolme, directeur de l’Association des Directeurs au service des Personnes Âgées (AD-PA). "On ne prend clairement pas assez en compte la vulnérabilité des personnes âgées au virus de la grippe", poursuit-il.
Les virus H3N2 particulièrement nocifs pour les personnes âgées
Car même si pour Santé Publique France, la situation actuelle de franchissement du seuil épidémique de grippe en Île-de-France reste classique, pour Romain Gizolme, on oublie, encore une fois, les personnes âgées. Pour étayer son propos, celui-ci mentionne une étude publiée dans le PNAS le 6 novembre dernier. Selon ces travaux, en 2016, le vaccin contre la grippe n’a protégé que 20 à 30 % des personnes vaccinées. En effet, les anticorps exposés aux virus ont difficilement neutralisé les virus H3N2 en circulation. Problème : ceux-ci sont particulièrement nocifs pour les personnes âgées. "Evidemment qu’il faut se vacciner", précise le directeur de l’AD-PA, "mais on devrait avoir une bien meilleure information de la part de l’Etat à ce sujet".
"Les complications comme les infections pulmonaires sont les plus nocives"
"Les personnes âgées sont en outre moins sensibles à la vaccination", précise Romain Gizolme. "Et ce n’est pas la grippe qui est la plus nocive, mais les complications qui lui sont dues, comme les infections pulmonaires", ajoute-t-il. Autre problème rencontré à chaque nouvelle épidémie : le manque d’accompagnement des personnes âgées. "Ce qu’on doit faire, c’est les aider lorsqu’elles sont isolées à leur domicile, notamment pour aller à la pharmacie, pour se faire vacciner ou pour se rendre chez le médecin, ce qui est loin d’être systématique", résume le directeur de l’AD-PA.
"Il n’y a pas suffisamment de médecins disponibles !"
Les mesures préventives ne sont pas non plus suffisantes, selon lui. "Quand on a de la fièvre et que l’on tousse, il faut aller voir le médecin tout de suite. En général, on prescrit du tamiflu. Mais il n’y a pas suffisamment de professionnels disponibles !", tempête M. Gizolme. "En fait, la question que l’on se pose, c’est celle de la position de l’Etat sur le vaccin contre la grippe. Il le préconise, mais il ne le rend pas obligatoire ! Il faut clarifier les choses", poursuit Romain Gizolme. "Il existe par ailleurs d’autres mesures que l’on doit préconiser plus systématiquement, comme le fait de se laver les mains au gel hydro-alcoolique. Mais pénétrer les mentalités prend du temps", conclut Romain Giozlme.