Grippe : un plan d'urgence déclenché dans tous les hôpitaux
Face à l'ampleur de la contamination grippale, la ministre de la Santé a décidé, le 19 février, d'activer le plan ORSAN dans tous les hôpitaux français. Il permet la mise en place de mesures exceptionnelles pour désengorger les Urgences comme l'ouverture de lits supplémentaires ou la déprogrammation de certaines opérations jugées non indispensables.
Alors que plus de 2 millions de personnes ont été touchées par la grippe depuis le début de l'épidémie, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a pris des mesures exceptionnelles. Le 19 février au soir, elle a déclenché le plan ORSAN d'organisation de l'offre de soins en situations sanitaires exceptionnelles. Il a pour objectif d'adapter l'organisation hospitalière "pour que le système de santé puisse monter en puissance lors d'évènement inhabituels susceptibles de le mettre en tension ou de perturber son fonctionnement" explique le ministère.
Première mesure : ne recourir à l'hospitalisation qu'en cas de réel besoin. Le plan ORSAN, décliné au niveau régional, comprend donc la mobilisation du secteur ambulatoire (médecine libérale) pour éviter l'engorgement des Urgences. D'autre part, les dispositifs "hôpital en tension" et, le cas échéant, les "plans blancs" doivent permettre "de déprogrammer des activités non indispensables, d'ouvrir des lits supplémentaires, de rappeler des personnels et de renforcer ponctuellement les équipes de professionnels de santé dans les établissements en difficulté", a détaillé le ministère. Des opérations chirurgicales peuvent par exemple être retardées, au profit de la gestion des situations de crise.
L'importance de la prise en charge
Marisol Touraine, qui s'est rendue le 19 février au soir à l'hôpital Lariboisière à Paris, a "rappelé l'importance de la vaccination anti-grippale, en particulier pour les personnes âgées et le personnel de santé", a précisé à l'AFP le ministère pour qui "le pic de l'épidémie n'est pas encore atteint". Des recommandations concernant la prise en charge et le traitement des cas de grippe ont déjà été diffusées.
L'ensemble des établissements de santé, y compris privés, sont mobilisés. Plusieurs instructions avaient été adressées dès le mois de janvier aux agences régionales de santé (ARS) et aux établissements de santé pour faire face à l'épidémie, a rappelé le ministère. Le plan ORSAN fournit d'ailleurs aux ARS "un outil central de planification de la réponse du système de santé en situation sanitaire exceptionnelle" explique le ministère.
Une situation comparable à la canicule de 2003 ?
Un peu plus tôt, à la veille du déclenchement du plan ORSAN, les urgentistes avaient dénoncé la "situation sanitaire critique" dans les hôpitaux surchargés en raison de l'épidémie, réclamant au gouvernement la réouverture de lits. La "sur-saturation des services d'urgence est comparable à celle de l'été 2003", durant lequel la canicule avait fait 15.000 morts, a estimé auprès de l'AFP le président du Samu-Urgences de France François Braun, réclamant le déclenchement du plan ORSAN.
"Nous demandons que les hôpitaux rouvrent des lits immédiatement et que la qualité des soins soit la meilleure possible pour gérer cette situation hivernale", selon l'Association des médecins urgentistes (Amuf), qui ajoute que le nombre de décès causés par la grippe est sous-estimé. La Direction générale de la santé (ministère) avait reconnu récemment des "tensions" dans "certains" établissements. Le secteur médico-social est également mobilisé pour assurer la prise en charge sur place des malades dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les plus de 65 ans sont les plus à risques de développer des complications grippales, pouvant dans certains cas entraîner la mort.