Pollution de l’air : encore 40.000 morts par an en France
La pollution de l'air cause 40.000 décès chaque année en France, révèle Santé Publique France. Si l'agence note une tendance à la baisse et une légère amélioration durant le premier confinement, elle appelle à renforcer les efforts.
Malgré l'amélioration de la qualité de l'air, 40.000 décès par an sont encore attribuables à l'exposition aux particules fines, selon Santé Publique France qui publie de nouveaux chiffres ce 14 avril. L’agence sanitaire appelle à ne pas se satisfaire d'un léger mieux dans le bilan des victimes de cette pollution.
Il faut au contraire "poursuivre, voire renforcer les efforts visant à réduire ce fardeau", plaide Sébastien Denys, un responsable de l'agence, qui souligne l'impact significatif sur la santé d'une baisse de la pollution, même à court terme.
A lire aussi : La pollution de l’air réduit l'espérance de vie de 2 ans en moyenne
Amélioration pendant le confinement
Preuve en est l'impact du premier confinement de 2020, au cours duquel la pollution avait largement diminué, surtout dans les zones urbaines. Cette amélioration avait été particulièrement sensible pour le dioxyde d'azote (NO2), essentiellement lié au trafic routier, à l'arrêt pendant cette période, mais moins pour les PM2,5 issues aussi d'autres sources (épandages agricoles, chauffage…).
Cela a malgré tout permis d'éviter 2.300 décès en lien avec l'exposition aux particules fines, plus nocives, et 1.200 décès liés au dioxyde d'azote. Les chiffres ne sont pas additionnables, car une partie non déterminée des décès est liée à l'action conjointe des deux polluants.
Meilleure qualité de l’air depuis 2016
Et globalement, la situation s'est améliorée en France ces dernières années. En 2016, Santé Publique France, se basant sur la période 2007-2008, avait estimé à 48.000 le nombre de décès prématurés par an liés aux concentrations de particules fines PM2,5, ces matières microscopiques en suspension dans l'air qui pénètrent dans les ramifications des voies respiratoires et dans le sang.
La nouvelle estimation suggère "une tendance à la baisse": près de 40.000 décès par an attribuables aux PM2,5 entre 2016 et 2019, soit 7% de la mortalité totale sur cette période, contre 9% en 2007-2008.
Cette amélioration s'explique par des modèles d'exposition différents, mais aussi par l'amélioration de la qualité de l'air. Ainsi, selon le bilan 2019, les émissions de particules fines PM2,5 ont baissé de 61% entre 2000 et 2019 et celles des oxydes d'azote de 56%, même si l'Etat a été condamné en justice pour n'avoir pas réduit suffisamment certains polluants dans certaines villes.
Moins huit mois d’espérance de vie
L'impact de la pollution de l'air ne se compte pas qu'en nombre de morts. L'exposition à ces particules, qui peuvent provoquer cancer, asthme, allergies ou maladies cardio-vasculaires, réduit aussi de huit mois l'espérance de vie d'un adulte à partir de 30 ans.
"On peut se satisfaire de la légère diminution. Mais d'un point de vue de santé publique, ce qui nous inquiète, c'est une estimation de 40.000 décès évitables. Et j'insiste sur ce terme évitable: des actions sont possibles pour réduire cet impact", souligne Sébastien Denys.
Le nombre de décès annuels attribués au dioxyde d'azote, calculé pour la première fois, est de 7.000. Mais on ne peut pas additionner intégralement ces morts à celles liées aux PM2,5, insiste l'agence de santé publique.
Des "enseignements" à tirer
"Evidemment, nous ne recommandons pas la mise en oeuvre de conditions aussi drastiques" que le premier confinement, note Sébatien Denys.
Mais cela permet de tirer certains "enseignements", en termes d'actions publiques, comme la réduction de la circulation routière dans les zones urbaines ou des émissions industrielles, insiste Santé Publique France. Ainsi qu'en termes de changements comportementaux, comme le télétravail.
D'autres pistes doivent également être poursuivies, en particulier "l'amélioration des pratiques du chauffage au bois", sur lequel le gouvernement s'apprête à adopter un "plan d'action", et le développement de bonnes pratiques agricoles, note l'agence. Des secteurs qui avaient continué à émettre même pendant le confinement.
Un décès sur cinq dans le monde
Les nouvelles estimations de Santé Publique France sont bien en deçà d'autres recherches internationales. Par exemple, une étude publiée en février dans Environnemental Research estimait que la pollution aux particules fines provoquée par la combustion des énergies fossiles était responsable d'un décès sur cinq dans le monde, soit plus de 8 millions de morts en 2018, dont près de 100.000 en France.
Des écarts liés à des différences méthodologiques et des données plus précises sur la France, explique Santé Publique France. Et dans tous les cas, il s'agit de "plusieurs milliers de morts", ce qui prouve un "fardeau lié à la pollution atmosphérique "très important", répond Sébastien Denys.