Pollution : "Les particules fines pénètrent très loin dans les voies respiratoires"
Pollution aux particules fines, pollens... Tous les conseils d'un médecin allergologue pour faire face aux désagréments du printemps.
Depuis ce week-end, plusieurs régions françaises sont touchées par un épisode de pollution aux particules fines. Les alertes se sont multipliées en Bretagne, en Normandie et dans les Hauts-de-France... Avec cette météo printanière, les allergies prolifèrent et notre système respiratoire subit de nombreuses agressions. Cela a-t-il un impact sur notre santé ? Nous avons posé la question au Dr Madeleine Epstein, allergologue.
- On parle de plus en plus des particules fines. Quel est leur impact sur notre santé ?
Dr Madeleine Epstein, allergologue : "Ces particules sont si petites, si minuscules qu'elles ne tombent pas au sol, elles restent dans l'air plus longtemps. Et surtout, les particules fines pénètrent très loin dans les voies respiratoires, jusqu'au fond des poumons. Elles ont donc un impact sur les voies respiratoires et même au-delà, car elles pénètrent dans la circulation sanguine, ont des effets cardiovasculaires, peuvent provoquer des inflammations, des problèmes hormonaux, cérébraux. Elles détraquent beaucoup de choses dans le fonctionnement de l'organisme."
- Aujourd'hui, l'alerte pollution concerne le Finistère et les Côtes d'Armor, des départements soumis à l'air du large. Comment l'expliquer ?
Dr Madeleine Epstein : "Tous les polluants ne restent pas stationnaires au-dessus des villes ! La Terre tourne, et avec les courants aériens, mathématiquement, la pollution se déplace. Le vent de mer chasse les particules fines vers l'intérieur. C'est l'inverse pour le vent de terre... Ce qui explique qu'on en retrouve dans des zones qui n'ont parfois rien à voir avec l'émission des particules."
- Est-ce que sur un terrain allergique connu, comme l'asthme ou les rhinites allergiques, les particules fines aggravent les symptômes ?
Dr Madeleine Epstein : "Oui, cela a été démontré. Il y a déjà l'effet nocif sur les muqueuses, à cause de ces particules, elles sont plus réceptives aux allergènes. Puis il y a l'effet sur les allergènes eux-mêmes ! Une expérience sur les grains de pollen le démontre bien. Si on soumet un grain de pollen aux particules fines, on s'aperçoit qu'il se fissure... En se dégradant de la sorte, il y a plus de substances allergènes qui se dégagent de ce grain de pollen. Cela démultiplie son potentiel allergique ! D'autre part, cela agit sur le système immunitaire et renforce encore plus la réaction allergique. Donc tout cela fait triple action dans le mauvais sens."
- Les jours de pic de pollution aux particules fines, que recommandez-vous ?
Dr Madeleine Epstein : "Le conseil de base, c'est d'éviter la pollution ! Mais si vous n'avez pas le choix, évitez de faire des efforts. Car lorsqu'on hyper-ventile, on respire davantage de particules fines. On peut aussi se calfeutrer chez soi pendant les pics de pollution, même si ces microparticules se diffusent partout, de cette façon on se protège quand même un peu."