Un nouveau dispositif pour surveiller les particules ultrafines en Île-de-France
Ces particules plus petites qu’un virus peuvent s'infiltrer dans le système respiratoire. Elles sont présumées dangereuses pour la santé humaine.
Parisiens, savez-vous quelle quantité de particules ultrafines vous respirez chaque jour ? Sûrement pas, et pour cause : il n’existe pour le moment aucun moyen de mesurer ce type de pollution de manière efficace. C’est pour cette raison que l'organisme de surveillance de la qualité de l'air Airparif compte installer en Île-de-France un instrument permettant de mesurer ces particules.
Des particules plus petites qu'un virus
"On parle de particules plus petites qu'un virus, qui peuvent avoir la taille d'une molécule d'ADN. Vous imaginez bien que pour mesurer des polluants de cette taille-là, il faut des technologies très particulières", a expliqué à l’AFP la directrice d'Airparif Karine Léger. L’appareil en question absorbe l'air et trie ses particules pour les compter. Il est actuellement en phase-test, et sera prêt avant la fin de l'année. Airparif espère par la suite "renforcer le dispositif" avec trois autres instruments, pour mesurer l’impact de ces particules dans les zones de trafic et d’agriculture.
On distingue plusieurs particules en fonction de leur taille :
- Les particules "grossières" PM 10, de taille inférieure à 10 micromètres (8 fois plus petite que le diamètre d’un cheveu). Elles pénètrent dans l’appareil respiratoire.
- Les particules fines PM 2,5 de taille inférieure ou égale à 2,5 micromètres (comme une bactérie). Elles vont au plus profond des voies respiratoires (alvéoles).
- Les particules ultrafines PM 0,1 de taille inférieure à 0,1 micromètre. Ce sont des nanoparticules. Elles pénètrent dans toutes les voies respiratoires et le sang.
Les microparticules sont notamment issues du trafic routier, de l'industrie et du chauffage au bois. Selon l'agence sanitaire Anses, il existe de nombreuses preuves de leurs "effets néfastes pour la santé". Mieux les connaître, en quantité et en composition, pourrait permettre aux autorités de se prononcer sur la mise en place d'une règlementation spécifique, selon Airparif.
Les femmes enceintes et les enfants victimes
Comme nous l'expliquait en juillet le Dr Gilles Dixsaut, président du Comité national contre les maladies respiratoires, "on sait depuis le début des années 2000 que les particules ultrafines sont dangereuses. Elles pénètrent le sang : chez la femme enceinte, elles atteignent le fœtus par le placenta et l’effet inflammatoire entrave le développement du fœtus".
Autres victimes : les enfants. "Ils sont plus fragiles face à la pollution, car leur organisme n’a pas encore une bonne capacité d’élimination des produits toxiques", poursuivait le Dr Nhan Pham Ti, pneumo-allergologue. La pollution de l’air surexpose en outre les plus jeunes à l’asthme et aux infections ORL.
"Même en dehors de pics, il faut s’inquiéter. C’est l’exposition chronique à la pollution qui pose problème. Les conseils pratiques dispensés aux parents tels qu’« utiliser une poussette haute, éviter les trottoirs des grands axes routiers » sont dérisoires" déplorait-il. "Les mesures de la pollution aujourd’hui ne sont pas pertinentes", abondait le Dr Dixsaut. Selon lui, seules les particules grossières font l’objet d’une surveillance réglementaire.
Qu’en est-il des particules fines ?
Aujourd'hui, on estime que les particules PM 2,5 entraînent chaque année 48.000 morts prématurées en France. A la veille de la journée mondiale de la qualité de l’air, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé la mise en ligne d'une carte pour mesurer la pollution de l’air de la ville. Ses habitants pourront ainsi connaître les niveaux de dioxyde d'azote (NO2), ozone (O3), et de particules fines.