Schizophrénie : vers un diagnostic précoce chez les jeunes
La schizophrénie, maladie précoce et stigmatisée, touche 1 personne sur 100 soit près 680.000 Français. Un diagnostic précoce dès l'adolescence améliore le pronostic et permet une prise en charge rapide.
Les premiers signes de la schizophrénie se manifestent souvent entre 15 et 25 ans : 85% des nouveaux cas diagnostiqués le sont à cet âge.
"Mais il faut savoir que les troubles psychiatriques majeurs, comme la schizophrénie, ne se révèlent jamais du jour au lendemain, détaille le Dr Clément Dondé, psychiatre spécialiste de la schizophrénie et de l’intervention précoce.
Détecter les prodromes
L'objectif est de détecter durant l'adolescence les stades débutants, que sont les prodromes (tout premiers signes) et le premier épisode du trouble. En traitant tôt, on peut retarder l’installation du trouble ou s'il apparaît, en améliorer l'évolution. Le pronostic est donc meilleur."
Les prodromes de schizophrénie comportent des perceptions sensorielles inhabituelles, (par exemple, les contours d'une tasse apparaissent flous ou mouvants) ou une impression de confondre rêve et réalité.
Les jeunes concernés par ces prodromes peuvent également présenter des troubles cognitifs, comme des difficultés d'attention, de concentration ou de mémorisation, qui s'installent.
Fort impact des troubles cognitifs
Une autre raison pousse les psychiatres à promouvoir le diagnostic précoce : les symptômes débutants ont souvent des répercussions majeures sur la qualité de vie des jeunes concernés par ces manifestations.
"Ces symptômes sont générateurs d'angoisse et les troubles cognitifs peuvent entraîner un décrochage au niveau scolaire, un isolement amical, des manifestations anxieuses et dépressives ou encore des conflits intrafamiliaux, précise le Dr Dondé. Il faut en parler à un psychiatre dès qu'il y a une souffrance. Mais les psychiatres sont moins accessibles que les généralistes."
Le diagnostic précoce en France
Depuis une dizaine d'années, ont été mises en place une cinquantaine d'équipes mobiles, composées chacune d'une dizaine de professionnels de la psychiatrie, et intervenant dans les Centres Hospitalo-Universitaires comme dans des Centres Hospitaliers Spécialisés.
"L'objectif serait que les acteurs de première ligne comme les médecins généralistes, souvent peu formés à la psychiatrie, puissent faire de la détection précoce des troubles psychiques comme la schizophrénie et le trouble bipolaire, mais on leur demande déjà énormément, reconnaît le Dr Dondé.
Il y a tout de même une prise de conscience récente des autorités sanitaires françaises, en faveur de la détection précoce. Il est en effet démontré qu'elle fait faire des économies sur le moyen terme !"
Le psychiatre pointe un autre frein au diagnostic précoce : la double stigmatisation. "Les patients se stigmatisent eux-mêmes beaucoup plus que la société ne le fait déjà. Les jeunes n'osent pas parler d'un côté et de l'autre, les acteurs de 1 ligne ont du mal à penser à ces maladies et à les adresser à un psychiatre."