Attentats et agressions sexuelles, principales sources de traumatisme psychique
Les Français estiment que les attentats et les agressions sexuelles sont les événements les plus susceptibles de provoquer des traumatismes.
Le Bataclan et le mouvement #MeToo ont marqué les esprits: les Français estiment que les attentats, au niveau collectif, et les agressions sexuelles, au niveau individuel, sont les principales sources de traumatisme psychique, selon un sondage publié mardi par l'Observatoire B2V des mémoires.
Le sondage a été réalisé en juillet par l'Ifop auprès d'un échantillon représentatif de 1.500 personnes, par questionnaire auto-administré en ligne.
Traumatismes collectifs et individuels
Au niveau collectif, trois-quarts (74%) des personnes interrogées estiment qu'un attentat serait la situation traumatique à laquelle il leur serait le plus difficile de faire face, devant les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre (40%), un conflit armé (39%) et une épidémie (34%).
Au niveau individuel, plus de la moitié (56%) des sondés, tous sexes confondus, pensent qu'une agression sexuelle est le motif qui conduit le plus souvent à un traumatisme. La proportion monte à 65% quand on ne prend en compte que les réponses des femmes, contre 46% quand on se focalise uniquement sur celles des hommes. Derrière les agressions sexuelles, les autres sources de traumatisme au niveau individuel sont le décès d'un proche (50%), des violences physiques (45%) et une situation de harcèlement moral, physique ou en ligne (44%).
"La perception du traumatisme psychique a évolué ces dix dernières années", a commenté le neuropsychologue Francis Eustache, président du conseil scientifique de l'Observatoire B2V des mémoires, lors d'une conférence de presse à Paris.
Levier de ce changement, les récents attentats islamistes
Au niveau collectif, "c'est à partir des attentats que les Français ont pris conscience de la notion de traumatisme psychique", a-t-il poursuivi.
"La séquence qui a le plus frappé l'opinion est celle qui s'est ouverte en 2015", davantage que les attentats perpétrés à Toulouse par Mohamed Merah en 2012, a renchéri un autre membre du conseil scientifique de l'observatoire, l'historien Denis Peschanski.
Cette perception "est concentrée autour du 13 novembre 2015", devant les attentats de janvier précédent, à Charlie Hebdo et à l'Hyper Casher.
Les attentats du Bataclan cristallisent l’idée du traumatisme collectif
Quand on demandait aux sondés des exemples d'événements de traumatismes collectifs précis, le mot "Bataclan" était celui qui était le plus spontanément cité, avant même le terme générique d'"attentats".
Les attaques du 13 novembre 2015, dans cette salle de concerts parisienne et plusieurs lieux publics de la capitale, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés.
Créé en 2013, l'Observatoire B2V des mémoires étudie la mémoire sous toutes ses formes: individuelle, collective, numérique. Son conseil scientifique réunit des chercheurs en neurosciences et sciences humaines.
MM. Eustache et Peschanski codirigent depuis 2016 un vaste programme de recherche, "13-novembre", pour évaluer l'impact sanitaire et sociétal des attentats de 2015.