Rester jeune : les secrets de la médecine anti-âge
En l'espace de quinze ans, les Français ont gagné près de trois ans d'espérance de vie. Et pour entretenir cet acquis, les produits anti-vieillissement et les traitements pour rester jeune et en bonne santé sont de plus en plus nombreux. Mais sont-ils vraiment efficaces ? Que valent les hormones et autres compléments alimentaires ?
La lutte contre le vieillissement utilise depuis quelques années de nouveaux créneaux. "L'anti-aging" est à la mode et face à la demande, une nouvelle discipline médicale est apparue : la médecine morphologique et anti-âge.
Il ne s'agit nullement de chirurgie esthétique mais plutôt d'une sorte de médecine préventive qui lutte en amont contre la vieillesse.
Le premier diplôme médical dédié à la lutte contre le vieillissement a été créé en 2006 par les universités Paris 13, Bordeaux 2, Montpellier 1 et Pointe à Pitre, est reconnu par l'Ordre national des médecins. C'est également le seul en Europe.
Pourquoi vieillissons-nous ?
La vue qui baisse, les problèmes d'auditions, les douleurs, les pertes d'équilibre… Ce ne sont pas les symptômes d'une maladie, mais du vieillissement du corps. Nous passons en fait un quart de notre vie à grandir et les trois autres quarts à vieillir. Le vieillissement est un processus physiologique qu'on appelle en biologie, la sénescence. Il s'agit d'une lente dégradation naturelle des fonctions de l'organisme, telles que les fonctions psychomotrices, immunitaires ou reproductives. C'est une dégradation naturelle, qui doit être distinguée des effets des maladies.
À l'échelle cellulaire, on observe des dommages subis par l'ADN, notamment au niveau des extrémités des chromosomes, ce que l'on appelle les télomères. Il s'agit en réalité de courtes séquences d'ADN répétées plusieurs milliers de fois, et bien qu'ils ne contiennent aucun gène, ils protègent l'ADN contre les effets du temps et de l'environnement. Chaque fois qu'une cellule se divise, les télomères raccourcissent. Quand le télomère devient trop court, il ne joue plus son rôle protecteur. La cellule va alors l'interpréter comme un dommage irréversible et entrer en sénescence, autrement dit elle va stopper sa croissance et sa multiplication. Au bout d'un certain temps, la cellule déclenche le mécanisme d'autodestruction (ce que l'on appelle le mécanisme d'apoptose cellulaire). Avant d'en arriver là, chaque cellule du corps libère de l'énergie.
Nos cellules brûlent du sucre, des graisses et des protéines afin d'accomplir leurs différentes tâches. Mais cette production d'énergie nécessitant de l'oxygène, il y a libération de déchets sous forme de radicaux libre. Un peu comme une rouille qui s'accumule au sein de la cellule. À la longue, ils vont provoquer des dommages y compris au niveau de l'ADN.
Tous les dommages causés sont quotidiennement réparés par divers mécanismes. Mais la balance dommage/réparation est progressivement perturbée avec l'âge. Les dégâts cellulaires s'accumulent dans l'organisme et aboutissent à une lente dégradation du corps. Les rides, la ménopause, la presbytie... sont les signes d'un vieillissement normal, tout comme la baisse de la force musculaire et la diminution de la résistance à l'effort. Mais pas d'affolement, différentes études montrent que plus de 80% des personnes âgées garderaient des aptitudes proches de la normale.
Rester jeune, c’est rester en bonne santé
Nos gènes ne déterminent qu'en partie ce processus de vieillissement cellulaire. Notre état de santé repose aussi sur nos comportements et nos habitudes alimentaires. Aux bienfaits de l'activité physique, la médecine anti-âge associe également ceux de la nutrition et de l'hormonologie.
Car les cosmétiques anti-âge ne sont plus les seules armes. Il existe maintenant des boissons antirides, des yaourts qui nourrissent la peau de l'intérieur, des pilules de jeunesse.
Des produits qui n'ont pas fait leurs preuves et pourtant, le marché mondial des produits étiqueté "Bon pour la santé" explose. D'ici à 2011, le chiffre d'affaires devrait être multiplié par 7 et atteindre les 219 milliards d'euros.
La DHEA, l’hormone miracle ?
La DHEA a été pendant longtemps présentée comme un auxiliaire incontournable dans la lutte contre la vieillesse et pour la bonne santé. Cette hormone produite par les glandes surrénales est censée contrebalancer les détériorations physiques de la vieillesse, elles mêmes causées par une diminution hormonale.
Mais plusieurs études ont mis à mal ces théories, démontrant que l'action de la DHEA n'a en réalité pas d'impact prouvé.
Simulateur de vieillesse : dans la peau des personnes âgées
Le bilan anti-âge
Rester en bonne santé physique et morale malgré les années qui passent, c'est l'objectif de la médecine. Celui de la médecine anti-âge est, lui, beaucoup plus ambitieux : rester jeune et améliorer ses capacités physiques et intellectuelles par tous les moyens existants et à toutes les étapes de la vie.
Née en 1992 aux USA, la médecine anti-âge utilise tout un arsenal thérapeutique au carrefour de la nutrition, de l'hormonologie et de la médecine esthétique.
En médecine anti-âge, le médecin commence par faire un bilan très complet de l'état général du patient. Ce bilan anti-âge commence par un questionnaire général. Fatigue, sensibilité au stress, problèmes intestinaux… le but est de déterminer les éventuelles carences sur un plan alimentaire mais aussi hormonal. Une fois l'interrogatoire terminé, le médecin réalise un examen clinique : qualité des cheveux, qualité de la peau…
Profil hormonal, risque inflammatoire, stress oxydant ou encore carences alimentaires… Pour que le bilan soit complet, le médecin peut prescrire au patient une série d'analyses. Une consultation de bilan anti-âge coûte entre 100 et 200 euros.
Médecine anti-âge : la supplémentation en testostérone fait débat
Avec l'âge, le taux d'hormones sexuelles baisse. Chez la femme, on peut pallier cette baisse par un traitement hormonal substitutif. Mais chez l'homme, peut-on envisager les choses de la même manière ? Faut-il compenser la baisse de testostérone liée à l'âge par une supplémentation ? Aux Etats-Unis, où cette pratique est monnaie courante, le débat est ouvert depuis que, la FDA, l'autorité de santé, a ouvertement émis des réserves au cours de l'été 2015.
Garder une libido au top, un corps musclé, une pêche d'enfer malgré les années qui passent, c'est ce que promettent les traitements de substitution à la testostérone. Aux Etats-Unis, les hommes sont de plus en plus nombreux, près de 2,3 millions soit quatre fois plus qu'au début des années 2000, à prendre ces suppléments d'hormone masculine en injections, en comprimés, en gel et même en solution nasale.
Un phénomène qui a fini par alerter l'Agence américaine du médicament, la FDA, qui souligne l'inutilité de ces supplémentations : "Les bénéfices et les risques de ces médicaments n'ont pas été établis dans le cadre d'une baisse de la testostérone liée à l'âge". La supplémentation de testostérone doit répondre à des indications bien précises comme l'explique le Dr Philippe Bouchard, endocrinologue : "Il est clairement dit que non seulement il faut avoir une testostérone basse mais avoir des symptômes. Et les trois symptômes qui doivent être présents sont une diminution des érections ou de la fréquence des érections matinales, une diminution de la libido et une fonction sexuelle imparfaite, des érections imparfaites. S'il n'y a pas de symptômes associés à cette testostérone basse, le traitement ne sert à rien".
Et en plus d'être inutile, ces traitements peuvent s'avérer dangereux comme le confirme le Dr Bouchard : "Il y a un risque d'aggravation d'une potentielle apnée du sommeil par exemple. Ou des hommes qui sont sur-traités par la testostérone à des doses excessives ont comme les coureurs du Tour de France, des globules rouges dont la masse augmente, il y a une polyglobulie avec un risque vasculaire qui existe". C'est la raison pour laquelle la FDA a invité les laboratoires à faire état de ces effets secondaires potentiellement dangereux.
En France, la prescription de testostérone est strictement encadrée et réservée à des pathologies bien identifiées. La baisse physiologique de testostérone n'en fait donc pas partie.