Décès du neurobiologiste Michel Jouvet, découvreur du sommeil paradoxal
Le neurobiologiste Michel Jouvet, découvreur du sommeil paradoxal, lors duquel ont lieu les rêves, est décédé à l'âge de 91 ans à Villeurbanne (Rhône).
Pionnier de la médecine du sommeil, Michel Jouvet est décédé dans la nuit de lundi à mardi a annoncé sa famille ce mardi 3 octobre. Interne en neurologie à Lyon dans les années 50, le spécialiste séjourne aux Etats-Unis pour se former et débute ses recherches sur le sommeil. Il étudie l'activité cérébrale d'animaux durant l'éveil et le sommeil, en leur plaçant des électrodes. "Je me suis rapidement rendu compte qu'il y avait, à côté des phases de sommeil dit lent (déjà décrit), des périodes d'activité rapide qui ressemblaient à l'éveil alors que l'animal ne semblait pas éveillé", racontait-il au Point en 2014.
Cet état s'accompagne toutefois d'une absence de tonus musculaire : "C'était donc différent de l'éveil, malgré la présence de mouvements oculaires. C'est pourquoi j'ai parlé de sommeil paradoxal. Et on s'est très vite aperçu que cela correspondait au moment des rêves".
Sommeil lent contre sommeil paradoxal
En 1961, il établit la classification du sommeil en différents stades : sommeil lent ("télencéphalique", caractérisé par des ondes lentes sur les tracés d'électroencéphalographie) et sommeil paradoxal ("rhombencéphalique"), durant lequel sont enregistrés des mouvements oculaires rapides (d'où son nom en anglais de REM-sleep, REM pour "rapid eye movements").
Michel Jouvet est également l'un des scientifiques à l'origine du concept de "mort cérébrale", dont il avait décrit les signes électroencéphalographiques en 1959. Il avait par ailleurs découvert les propriétés anti-sommeil d'une molécule, le modafinil, aujourd'hui encore considérée comme l'un des traitement les plus efficaces de l'hypersomnie et de la narcolepsie.
Médaille d'or du CNRS, Michel Jouvet, qui aurait eu 92 ans le 16 novembre et a longtemps dirigé un laboratoire de l'Inserm à Lyon, avait publié plusieurs livres sur le sommeil et les rêves.
avec AFP