Uvéite : une inflammation de l'oeil

L'uvéite est une maladie de l'œil, provoquée par l'inflammation. Elle peut se compliquer d'une cécité en l'absence de diagnostic précoce, de prise en charge rapide et de suivi régulier. 

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Examen ophtalmologique mettant en évidence une uvéite (image d'illustration).
Examen ophtalmologique mettant en évidence une uvéite (image d'illustration).

L'uvéite est une maladie rare, qui peut survenir une seule fois, récidiver ou évoluer de façon chronique, en altérant la vision. "Il n'y a pas de chiffres français, la prévalence européenne est estimée entre 38 et 200 cas pour 100.000 habitants… estime le Pr Chiquet, ophtalmologiste et spécialiste en inflammation oculaire. C'est donc une affection peu fréquente mais c'est une cause fréquente de perte de vision notamment chez le sujet en âge de travailler."

Les différentes types d'uvéite (schéma)

L'œil est composé de différentes structures, dont l’uvée, atteinte dans l’uvéite.

Trois formes sont possibles selon la partie de l’uvée qui est concernée :

  • On parle d'uvéite antérieure quand l’iris et des corps ciliaires  sont enflammés ; c’est l’uvéite la plus fréquente. L’œil est rouge, douloureux et la lumière est souvent ressentie comme gênante.
  • Lorsque l’inflammation touche le corps vitré, l'uvéite est dite intermédiaire, responsable de baisse de l’acuité visuelle et de taches noires.
  • Troisième type, l’uvéite postérieure atteint la choroïde et la rétine ; elle provoque les mêmes symptômes que l’intermédiaire.
  • Enfin, les trois couches de l'uvée peuvent être touchées et les différents troubles sont alors associés.

"Un examen classique suffit pour déterminer s'il existe une inflammation dans la partie antérieure (espace entre la cornée et l'iris) ou postérieure, explique l'ophtalmologiste le Pr Christophe Chiquet. Dans un certain nombre de cas, des examens complémentaires d'imagerie de l'œil seront nécessaires : l'angiographie et l'OCT, ou tomographie à cohérence optique."

Une évolution très variable mais parfois gravissime

Les uvéites sont responsables de 10% des cécités[1] et elles représenteraient la quatrième cause[2] de cécité chez les patients en âge de travailler. L’évolution est très variable d’un patient à l’autre : certains souffriront d’une forme bénigne tandis que les autres aboutiront à la cécité. Les uns n’auront qu’une seule poussée tandis que d’autres souffriront de récidives, plus ou moins fréquentes et sévères, ou évolueront sous forme chronique.

Au fur et à mesure qu’elles se répètent, le risque de complications, tels que le glaucome, la cataracte, l’atteinte du nerf optique ou de la rétine, se majore. Avec à la clé une altération partielle ou totale de la vision…

C’est pour cette raison que l’enjeu de la prise est en charge est de stopper l’inflammation et d’éviter l’évolution chronique de la maladie. En agissant le plus tôt possible, les lésions peuvent être traitées au moment où elles sont réversibles, ce qui permettra parfois de récupérer l’acuité visuelle.

Des traitements plus variés

Le traitement de l'inflammation repose sur les corticoïdes, puissants anti-inflammatoires. S'y ajoute le traitement spécifique de la cause lorsqu'elle est connue (voir encadré), à base d'antiviral, d'antibiotique ou encore d'antiparasitaire lorsque l'origine est infectieuse.

Les médecins disposent d'armes supplémentaires, les biothérapie (interféron alpha, anti TNF, anticorps anti-IL6 ou IL1) et les immunosuppresseurs (cyclosporine,…) en cas de cause inflammatoire. "Le traitement et le suivi au long cours dépendront en partie de la cause de l’inflammation, détaille le Pr Chiquet. Nous nous adaptons à la maladie causale, au type d'atteintes des autres tissus liés. En connaissant la maladie causale, on appréhende mieux la façon dont elle évolue et  nous pouvons proposer une prise en charge adaptée." En cas de maladie systémique, affectant d'autres organes, une prise en charge globale est mise en place, incluant d’autres médecins spécialistes (pneumologues, cardiologues, internistes, etc.).

Et pour les 40% dont la cause n'est pas retrouvée, le traitement de l'inflammation est très souvent efficace et le suivi sera régulier, d'après le médecin. "En pratique, le traitement sera adapté selon les formes cliniques d'uvéite, même si on ne connaît pas la cause", ajoute-t-il. Celle-ci sera parfois trouvée quelques années plus tard, à l'occasion d'une récidive, où des atteintes supplémentaires donneront la clé du diagnostic.

"Nous commençons à avoir une panoplie thérapeutique plus variée et cela change la prise en charge, même si nous avons peu de recul à long terme… Cela permet en cas d'échec de pouvoir proposer d'autres alternatives", conclut le spécialiste, sur une note d'espoir.


[1] Les uvéites, Pr Brézin, éditions Masson www.sfo.asso.fr/sites/sfo.prod/files/files/Rapports/UVEITES.pdf

[2] Barisani-Asenbauer T. et al. : Uveitis- a rare disease often associated with systemic diseases and infections- a systematic review of  2619 patients. Orphanet Journal of Rare Diseases 2012 7:57.

De nombreuses causes, permettant d’affiner le traitement

Les infections sont des causes fréquentes, telles que la toxoplasmose, l’herpès, la tuberculose, la maladie de Lyme,...

L’uvéite peut également provenir d’une maladie auto-immune ou systémique comme la sarcoïdose, la spondylarthrite ankylosante .

"Un diagnostic est trouvé dans 60% des cas", commente le Pr Chiquet.  Cela permet de faire une prise en charge globale de la maladie, selon les atteintes, et d'adapter le suivi."