La sieste, une pause bienvenue pour les patients hypertendus
Une étude présentée au dernier congrès européen de cardiologie montre que les personnes hypertendues qui s'adonnent à la sieste réduisent leur risque de maladies coronariennes.
Bien que la rentrée s'annonce, les personnes hypertendues auraient tort de se priver d'une bonne habitude estivale : la sieste. Selon les résultats d’une étude de l'université d'Athènes présentés le 29 août à l’occasion du Congrès européen de cardiologie à Londres (ESC 2015), les personnes souffrant d'hypertension artérielle s'adonnant à la sieste digestive ont une tension significativement plus basse que les autres malades.
La prise en charge de l’hypertension artérielle repose, outre sur les médicaments, sur le respect d’une bonne hygiène de vie : arrêt du tabac, activité physique régulière, alimentation pauvre en sel... Mais peu d'études avaient jusqu’à présent évalué les bienfaits du petit somme de milieu de journée.
"Nous souhaitions savoir si la pratique de la sieste était une habitude purement culturelle ou perdurait à travers les âges en raison d’un bénéfice pour la santé", détaillait le cardiologue Manolis Kallistratos lors de la présentation de ces travaux à Londres.
L’étude d’observation grecque a donc porté sur 386 hypertendus âgés en moyenne de 61 ans. L’étude menée à l’hôpital d’Asklepieion Voula, à Athènes, a consigné les habitudes de sieste, la durée du sommeil, le mode de vie, la pression artérielle au cabinet et prise à domicile, ou encore l’échographie cardiaque complète des patients, également traités par médicaments.
Plus c'est long, plus c'est bon pour la tension
Après l’élimination de différents cofacteurs pouvant influencer leur résultat (tabagisme, alcool, consommation de sel..) les chercheurs ont constaté que les hypertendus adeptes du "roupillon" avaient une pression artérielle systolique ambulatoire (PAS) abaissée de 6 mmHg. Soit une baisse de 5% par rapport aux patients ne s’accordant pas cette pause. "Cela semble peu mais il a été montré qu’une baisse aussi minime que 2mmHg de la pression artérielle systolique peut réduire le risque d’événements cardiovasculaire de 10%" a expliqué le Dr Kallistratos.
Les travaux des médecins grecs montrent également que la durée de la sieste est directement liée aux bénéfices qui se maintiennent le reste de la journée et même la nuit. Ainsi un repos de 60 minutes est associée à une baisse supplémentaire de 4 mmHg de la pression artérielle mesurée sur 24 heures et de 2% de la pression nocturne.
Enfin, la pratique assidue de la sieste permettrait également de diminuer les posologies des médicaments hypertenseurs prescrits aux patients.
En France, 14,5 millions de personnes (un tiers des Français de plus de 35 ans) souffrent d'hypertension, qui correspond à une élévation anormale de la tension artérielle. Elle est l'un des principaux facteurs de risque des maladies cardiaques, de l'insuffisance rénale et des accidents vasculaires cérébraux.
"Cette baisse de pression contribue certainement à réduire les dégâts à long terme sur les vaisseaux et le cœur", a conclu le Dr Kallistratos lors de son intervention. Une nouvelle à méditer sur l'oreiller, même en milieu de journée.