Diabète de type 2 : une prise en charge sur mesure
La prise en charge du diabète évolue : des objectifs personnalisés sont fixés en accord avec le patient, en privilégiant toujours l'activité physique et une alimentation adaptée avant les médicaments. Quelles sont les bases ? Les réponses d'un diabétologue.
Quand il est question de diabète, le patient est toujours au coeur de la prise en charge. "L’éducation thérapeutique du patient est vraiment personnalisée et c'est absolument nécessaire car le diabète de type 2 est une maladie chronique, qui nécessite que le patient participe activement à sa prise en charge", s’enthousiasme le Dr Dominique Huet, chef de service du service de diabétologie-endocrinologie du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. "Il faut vraiment insister auprès des patients sur le rôle fondamental de l’hygiène de vie." C'est en filigrane le message véhiculé par les sociétés américaine et européenne du diabète qui insistent dans leurs dernières recommandations sur le mode de vie.
Une prise en charge globale
La prise en charge du patient diabétique comporte des mesures hygiéno-diététiques et si besoin, des médicaments. Le médecin fixe des objectifs et des moyens thérapeutiques en fonction de chaque patient. "Il est aussi recommandé d’individualiser les traitement, précise le diabétologue. Il faut aussi tenir compte des affections associées et des antécédents cardio-vasculaires, de de l’âge du patient, de son poids, du niveau de glycémie, de l'existence d'hypoglycémie." Autrement dit, privilégier une prise en charge globale du patient...
"La base du traitement est dissertée avec le patient et son accord est indispensable pour le commencer, c'est une grande nouveauté !", s'enthousiasme le diabétologue. "Le bilan de la motivation des patients est indispensable et il faut prendre en compte les aspects culturels et sociaux." Ainsi le médecin doit composer avec ces aspects socio-culturels : un patient d'origine libanaise par exemple aura du mal à se passer brutalement de nombreux plats et d'aliments gras.
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L'activité physique et l'alimentation, au coeur du traitement
La pratique d'une activité physique régulière et une alimentation variée et équilibrée sont même le premier volet thérapeutique du diabète de type 2. Et c'est ad vitam eternam qu'il faudra garder cette bonne hygiène de vie.
Trente minutes de marche, tous les deux jours, sont suffisantes ; elles peuvent être réalisées en cumulé (10 minutes le matin, 10 à midi et 10 le soir), l'essentiel étant de le faire au maximum toutes les 48 heures car des études ont montré que l'action sur l'insulino-résistance, en cause dans le diabète de type 2, durait 48 heures, pas davantage.
Quant à l'alimentation, elle doit comporter d'après le Dr Huet trois repas d’importance égale (un petit-déjeuner copieux est essentiel). On conseille de modérer les sucres simples mais surtout les graisses, le but étant de récupérer et de conserver le poids le plus souhaitable pour chaque patient, un poids défini par son histoire personnelle.
"On ne parle plus de régime alimentaire et d'alimentation équilibrée, et on fixe désormais des objectifs réalistes et réalisables", rappelle-t-il. Et bonne nouvelle pour les personnes en surpoids ou obèses, il suffit de perdre 5 % du poids du corps pour obtenir un effet sur la glycémie !
L'éducation thérapeutique se doit d'être personnalisée et elle a montré son efficacité : "Une méta-analyse a montré qu’une éducation bien faite c’est 26 % de mortalité toute cause confondue chez le diabétique en moins, confirme le Dr Huet. Une éducation thérapeutique du patient bien faite, cela veut dire qu’il faut passer du temps avec le patient, en face à face de préférence, et de le faire tous les ans..."
Et les médicaments ?
Si une bonne hygiène de vie n'est pas suffisante, on introduit alors les médicaments : "Désormais, le traitement aussi est très individualisé pour chaque patient", explique le médecin. Il commence par des antidiabétiques, qui se prennent par comprimé, sans pour autant arrêter de bien manger et de faire un peu de sport.
Si ces médicaments ne sont pas efficaces, on passera à une autre classe de médicaments, les analogues de la GLP-1, qui s'injectent une fois par mois ou éventuellement par jour. C'est en cas d'échec que le recours à l'insuline aura lieu, d'abord une fois par jour en association à un traitement par comprimé.