Covid : le moral des Français à rude épreuve
Deuxième vague, deuxième confinement : à mesure que la crise sanitaire s'aggrave, la santé mentale des Français donne de nouveaux signes de dégradation.
Alors que certains indicateurs s'étaient améliorés entre le début et la fin du premier confinement, on note une nouvelle détérioration, explique à l'AFP Enguérand Du Roscoät, responsable de l'unité Santé mentale au sein de la Direction de la prévention et de la promotion de la santé de Santé publique France.
Les dernières données (19-21 octobre) de son enquête EpiCov ont ainsi relevé "une augmentation significative des troubles dépressifs" : tristesse, perte d'intérêt, ralentissement d’activité, perte de plaisir.
L’anxiété se stabilise
Les autres indicateurs, "anxiété" (19%) (se sentir tendu, énervé, avoir peur...), "problèmes de sommeil" (64,5%) et "satisfaction de vie actuelle" (79,4%) sont restés à peu près stables.
"Le fait que la crise dure, que l'on a du mal à en voir l'issue joue peut-être davantage sur les troubles dépressifs plutôt que sur les troubles anxieux, qui ont davantage un rôle d'alerte", avance M. Du Roscoät.
Consommation d'anxiolytiques
Autre indicateur, entre la première semaine de confinement et la première quinzaine de septembre, plus d'un million de boîtes d'anxiolytiques qu'attendu avaient été délivrées, selon les dernières données officielles disponibles. La consommation de somnifères est restée elle aussi au-delà de la consommation habituelle. Dans les deux cas, ces consommations ont remonté début septembre.
Bien que le confinement soit un peu moins contraignant qu'au printemps (notamment parce que les établissements scolaires sont ouverts), le psychiatre Serge Hefez se dit "beaucoup, beaucoup plus inquiet".
Sentiment d'insécurité
Le premier confinement a pour beaucoup représenté "une expérience que l'on a partagée en commun, la plupart des gens s'en sont emparés pour en faire quelque chose" et "paradoxalement les liens conjugaux et familiaux ont pu se resserrer", poursuit le médecin.
Mais là, "on se prépare à un tunnel qui n'en finit pas" avec en plus, la dimension sociale et économique "catastrophique", les attentats, qui "accroissent le sentiment d'insécurité" et de "vulnérabilité", dit encore Serge Hefez à l'AFP. Comme au printemps, il s'inquiète pour les "populations déjà fragilisées", qui risquent de voir leurs troubles s'aggraver.