Dépression post-partum : les pères aussi peuvent en souffrir
La dépression du post-partum ne concerne pas que les mères : elle toucherait en effet 5 % des nouveaux pères. Comment se manifeste-t-elle et quelles solutions existent ?
L’arrivée d’un bébé est souvent un heureux événement. Mais pour ce jeune père, les six premiers mois après la naissance de sa fille se sont transformés en une épreuve douloureuse. "Le moment où ça a basculé, c’est quand on a mis le pied à la maison, on devait profiter et je n'y arrivais pas", raconte-t-il aujourd'hui.
"Je pleurais sans raison particuli!re"
"J'ai ressenti une espèce de tristesse que je n'arrivais pas à justifier. Je me suis senti une seule fois comme ça dans ma vie, quand ma grand-mère est décédée, c'était une personne qui comptait beaucoup. Je me suis dit qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas", explique-t-il encore.
Déboussolé, il décide de se tourner vers une sage-femme qui lui conseille de consulter une psychologue.
Le diagnostic tombe rapidement : il fait une dépression post-partum.
"Je pleurais sans raison particulière, parfois ça pouvait être difficile même d'être dans la même pièce, pas parce que je n'avais pas envie de la voir, mais je pense que ça me renvoyait à la responsabilité que c'était" détaille-t-il. "J'appréhendais de rentrer à la maison. Les promenades de mon chien étaient plus longues. Je l'ai dit à ma compagne, ça me faisait du bien", nous confie le jeune père.
5 % des pères concernés
Aidé aussi par sa psychologue, il accepte petit à petit son nouveau rôle.
Chez les pères, la dépression post-partum reste taboue.
Pourtant, 5 % d’entre eux en seraient atteints, contre 10 à 15 % des mères. Et selon le Dr Romain Dugravier, pédopsychiatre au centre hospitalier Sainte-Anne, les deux conjoints sont souvent touchés en même temps.
"Il y a plus de risques d'être déprimé en tant qu’homme quand sa femme se déprime et réciproquement. Les autres facteurs de risque sont les conflits dans le couple, l'isolement et la précarité", explique-t-il.
Des consultations de prévention
Face à la détresse des jeunes papas, une médecin généraliste a eu une idée unique en France. Depuis un an, elle propose des consultations réservées aux hommes avant ou après la naissance de leur enfant. La fille de Laurent, 40 ans, est née il y a trois jours. Pour lui, la dépression post-partum concernait uniquement les femmes.
"Je vais faire attention. Je sais ce qu'est une dépression, quelqu'un qui ne va pas bien donc si je vois des signes chez moi ou chez ma compagne, on n'hésitera pas", souffle-t-il.
Pour le moment, ces consultations sont expérimentées uniquement à Montreuil.
Si elles s’avèrent efficaces pour dépister les jeunes pères, elles pourraient être étendue à d’autres territoires.