Sclérose latérale amyotrophique : la recherche avance
Enfin des avancées thérapeutiques pour les patients souffrant de la maladie de Charcot ! Aussi appelée sclérose latérale amyotrophique, elle reste pour le moment incurable. Zoom sur les progrès de la recherche à l'occasion de la Journée mondiale.
Stephen Hawkin a mis en lumière la sclérose latérale amyotrophique, ou SLA, qui touche 8 000 Français et 200 000 personnes dans le monde. 1 800 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France.
C'est une maladie où les neurones permettant de transmettre l'ordre des mouvements, appelés motoneurones, sont progressivement détruits : les patients souffrent alors d'une paralysie qui évolue progressivement, et qui peut atteindre les muscles respiratoires.
Ce qui explique un pronostic dramatique : en moyenne, les patients vivent trois ans après le diagnostic, avec de gros écarts en fonction des individus. 90% décèdent dans les 10 ans. Pour le moment, seul le riluzole est commercialisé:
"il est efficace, il ralentit de 35% l'évolution et améliore le pronostic vital, précise le Pr Camu, spécialiste de la maladie. Comme la médiane de survie est de 32 mois, cela signifie gagner un an."
La prometteuse thérapie génique
Si elle a longtemps stagné, la recherche commence à avancer grâce à une meilleure compréhension de la sclérose latérale amyotrophique depuis quelques années. "Maintenant que l'on connait mieux le processus, il y a 5 à 6 fois plus d'essais cliniques qu'avant !, s'exclame le Pr Camu. On attend la thérapie génique car c'est le seul traitement qui guérit l'animal."
Dans 10% des cas, la maladie est génétique, dont 1/5 des cas est lié à une mutation du gène SOD1. Le reste est dit sporadique, sans autre personne touchée dans la famille.
"Pour les cas de SLA dus à la mutation du SOD1, le tofersen® ou BIIB067, est disponible depuis novembre 2021, estime le Pr Camu. C'est administré par une ponction lombaire, probablement tous les 3 mois. Les résultats sur la survie des patients sont en demi-teinte hélas. Pour déterminer s'il est possible d'élargir l'indication aux autres patients, on attend les résultats d'une étude en 2022".
Un essai de phase 3 portant sur 96 personnes au total a pendu ses conclusions en septembre 2022. Le tofersen a bien réduit la concentration de la protéine SOD1, ainsi qu'une tendance à agir sur certains symptômes (fatigue, force musculaire, fonction respiratoire. ).
Un autre type de thérapie génique, dite par vecteur viral, suscite de grands espoirs : elle consiste à modifier un gène, introduit dans les cellules grâce à un virus et à partir d'une simple perfusion :
"On espère que ce soit curatif car elle a déjà été appliquée dans une autre maladie, l'amyotrophie spinale infantile, qu'elle guérit, confie le spécialiste. C'est remarquable ! Mais dans l'amyotrophie, il s'agit de remplacer un gène tandis que dans la SLA, il s'agit de bloquer un gène. C'est en début d'expérimentation aux Etats-Unis, il y a quelques cas d'effets secondaires assez importants avec des méningites. D'autres laboratoires essaient de développer d'autres virus mieux tolérés."
Des avancées à venir
Dans le dernier numéro de la revue Accolade, de l'association française pour recherche sur la sclérose latérale amyotrophique, le Pr Camu fait également le point sur deux avancées particulièrement prometteuses, même si elles ne sont pas encore applicables à l'être humain.
La première a vu le jour dans le Pacifique Sud, à Guam plus précisément, où une forme de SLA très fréquente est due à l'accumulation d'une toxine, la BMAA. En France, cette accumulation est liée aux pollutions, en particulier aux cyanobactéries, les fameuses algues vertes. Le cerveau des patients à Guam contenait de grandes quantités de BBMA, ce qui a donné lieu à des recherches. La toxine s'insère dans nos protéines en prenant la place d'un acide aminé, la sérine. Des essais sur des singes menés par le Pr Cox ont montré que la sérine donnée en même temps que la BMAA, inhibe le rôle néfaste de la BMAA.
Autre avancée intéressante pour le Pr Camu, les travaux du Pr Cleveland dans le domaine thérapie génique. Il montre l'intérêt d'une nouvelle voie pour injecter le virus porteur du bloqueur de gène que l’on veut faire agir : en injection sous-piale, autrement dit sous la pie-mère, l'une des méninges qui recouvrent le cerveau. Ce qui augmente son efficacité. L'étude monte également qu'en bloquant le gène, on bloque la maladie : les souris ne sont pas malades si le virus est injecté à 120 jours (Figure 2). Enfin, si le virus est injecté à 350 jours, quand 50 % des neurones sont touchés, la maladie est totalement stoppée.
"Un chercheur chinois mit au point une méthode pour transformer des cellule en neurones, s'enthousiasme aussi le Pr Camu. Si on injecte cette protéine à un endroit où les neurones ont disparu, de nouveaux neurones apparaissent. Si on l'injecte dans la moelle épinière, on obtient des motoneurones (ou pour la maladie de Parkinson, dans la substance noire des neurones à dopamine) et l'animal va guérir complètement. L'idée serait d'abord de commencer avec le vecteur viral pour bloquer le processus de la maladie et dans une seconde étape, de refaire les motoneurones. Ce sont des résultats extraordinaires qu'il n'est pas impossible que l'on voit arriver des choses très prochainement..."
"Il y a des cas de SLA qui sont probablement liés à la consommation de fausses morilles (gyromitres), alerte le Pr Camus. Les gens continuent hélas à en marger... Mais nous avons observé des régressions complètes des symptômes survenus après une intoxication aux fausses morilles."
Pour en savoir plus :
- Association pour la recherche sur la SLA https://www.arsla.org/la-sla-cest-quoi/