"Médecine douces" : l'Ordre des médecins alerte sur les dérives thérapeutiques
Une alerte de plus sur les médecines non conventionnelles, aussi appelées douces ou alternatives. Le Conseil de l'Ordre des médecins publie un rapport pour dénoncer le risque de dérives de ces pratiques. On vous explique.
Kinésiologie, reiki, aimants, lithothérapie, réflexologie… Plus de 400 pratiques thérapeutiques non conventionnelles existent d'après le Ministère de l'intérieur.
Dans un rapport publié mardi 27 juin, l'Ordre des médecins met en garde les patients à propos des dérives thérapeutiques des "pratiques de soins non conventionnelles". Et ce n'est pas la première alerte provenant d'autorités officielles.
39% des Français ont recours aux "énergies"
Plus connues sous le nom de médecines traditionnelles, alternatives ou douces, elles sont en pleine expansion.
Un Français sur deux (51%) a recours à la manipulation manuelle (comme la kinésiologie ou chiropraxie), 48% à la "médecine traditionnelle" (comme l'homéopathie, la "médecine traditionnelle chinoise" ou les ventouses), 45% aux plantes et 39% aux "énergies".
Ce sont les chiffres d'un sondage réalisé en mai par Odoxa pour l'Unadfi (Union nationale des Associations de défense des Familles et de l'Individu).
Le problème ? Elles ne sont pas encadrées ni surveillées, au grand dam de l'Ordre des médecins. "Aujourd'hui, l'offre de PSNC (pratiques de soins non conventionnelles) étant exponentielle, il est nécessaire de faire le tri entre des pratiques dangereuses pour la santé des patients et celles qui peuvent présenter un intérêt dans l'accompagnement du malade et les restreindre au seul domaine du bien-être", explique l'Ordre des médecins.
"Exercice illégal de la médecine" et "dérives sectaires"
De plus, ces pratiques ne sont "ni reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle, ni enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé", rappelle l'Ordre des médecins.
Avec à la clé des situations dangereuses pour les utilisateurs et utilisatrices, et notamment "un exercice illégal de la médecine" de certains praticiens ou des "dérives thérapeutiques" conduisant parfois à l'arrêt des soins, une perte de chances pour des personnes malades, voire des "dérives sectaires", pour reprendre les mots de l'Ordre des médecins.
Sensibiliser les professionnels de santé
En novembre 2022, la Miviludes, mission interministérielle chargée de lutter contre les dérives sectaires, estimait que 70% des saisines dans le domaine de la santé concernaient des pratiques de soins non conventionnelles.
"L'Ordre des médecins est très sollicité sur ce sujet des PSNC depuis des années, mais ça s'est vraiment accru depuis le Covid", a expliqué à l'AFP la Dre Claire Siret, chargée du dossier au sein de l'Ordre.
Le rapport du Conseil de l'Ordre des médecins doit "sensibiliser les professionnels de santé à ces pratiques", d'après la Dre Siret, qui s'inquiète de l'"entrisme de certaines pratiques à l'université". D'autant plus qu'elles ne sont pas validées scientifiquement.
Ce rapport est publié à la veille de la première réunion du comité d'appui pour l'encadrement des pratiques non conventionnelles de santé (PNCS), sous l'égide des ministères de la Santé et de l'Intérieur. Elle rassemblera des autorités de santé comme l'Agence du médicament, la Miviludes.