Troubles bipolaires : une application pour un meilleur suivi
Depuis un an, le "Passeport BP" est proposé aux patients souffrant de troubles bipolaires. Il a pour objectif de permettre une prise en charge personnalisée afin d'améliorer le pronostic médical et la qualité de vie des malades.
Initié par la Fondation FondaMental, le programme propose une prise en charge personnalisée grâce à un long suivi à distance, pour éviter une rechute.
Retrouver une qualité de vie
C’est avant tout par plaisir que Rosalie joue de la harpe. Il y a deux ans, les médecins lui ont diagnostiqué un trouble bipolaire. Aujourd’hui elle est apaisée et a mis de côté ses rêves extravagants de spectacles et autres projets professionnels.
"Je pensais que j’étais juste hyper sensible, hyper active, hyper émotive. Je n’essayais pas de rationaliser les choses parce que j’étais tellement envahie par mes émotions, que je les vivais au jour le jour et je n’avais aucune projection sur l’avenir", explique Rosalie, 32 ans.
Depuis huit mois, Rosalie participe à un programme innovant, le passeport bipolaire. Chaque semaine elle fait le point sur ses émotions, et d’autres symptômes en lien avec sa maladie.
"Cela me permet chaque semaine de faire le point sur mon ressenti. Cela me rassure de voir que finalement je suis assez stable en ce moment semaine après semaine et notamment concernant mon irritabilité. J’avais déjà conscience mais c’est que ça permet d’appuyer un peu plus ce point-là et d’être plus vigilante", confie Rosalie.
Grâce à cette prise en charge personnalisée, Rosalie est plus sereine et se projette de nouveau dans l’avenir.
Prévenir les rechutes
Marc, lui ne bénéficie pas encore de ce programme. Ce matin, il revient dans cet hôpital, pour la première fois depuis six ans. A l’époque, il est hospitalisé d’urgence pour des troubles du comportement. Rapidement le diagnostic est posé : Marc souffre de troubles bipolaires."Ce matin je viens pour le passeport bipolaire. C’est un programme qui s’occupe des suivis des personnes qui ont des troubles de la bipolarité et là je viens pour le rendez-vous d’inclusion", explique Marc, 28 ans.
Marc va être inclus dans ce programme mais pour cela il y a un premier rendez-vous. L’occasion de revenir sur ses troubles mais pas seulement… Travail, famille, sport, problème de santé, pendant plus de deux heures, Marc va répondre aux questions du psychiatre.
L’un des problèmes de cette maladie, est le maintien du traitement sur la durée quand les patients sont stabilisés. Avec ce suivi, les risques sont amoindris.
"On est dans le cadre d'une maladie chronique, il est donc nécessaire d'avoir un traitement de fond qui va prévenir les rechutes éventuelles. Plus on est à distance d’une situation qui a fait souffrir, moins peut-être le besoin de continuer un traitement ou d'avoir un suivi psychiatrique se fait ressentir. C'est dans ce cadre-là qu’effectivement le projet porte tout son intérêt", confie le Dr Emmanuel Le Guen, psychiatre à l'hôpital Albert Chenevier.
Une application pour un suivi à distance
Pour être au plus proche de Marc, le programme est basé sur un suivi à distance, via une application et des contacts téléphoniques réguliers avec une infirmière référente.
"C'est un suivi rapproché qui s’adapte à chacun. Chaque personne aura des besoins différents selon la stabilité et les périodes qu’elle traverse. Sur le plan somatique-psychiatrique, au niveau de la coordination du parcours de soin, on est présent si besoin", explique Anne Drouard, infirmière.
Actuellement, 150 patients bénéficient de ce programme à l’essai pour trois ans. Si les résultats sont probants, il sera maintenu. Ce projet est actuellement à l’étude dans quatre centres hospitaliers en France.