Pénurie d'amoxicilline : les médecins craignent une "crise majeure"
Les principales organisations de pédiatres et d'infectiologues craignent que la pénurie d'amoxicilline entraîne une crise de santé publique pire que l'épidémie actuelle de bronchiolite.
Quelles seront les conséquences de l'actuelle pénurie d'amoxicilline ? Les principales organisations de pédiatres et infectiologues ont estimé mardi 22 novembre que le manque d'amoxicilline, l'un des antibiotiques les plus utilisés chez les enfants, risque de déboucher d'ici quelques jours sur une "crise majeure" de santé publique.
Des "conséquences meurtrières"
"Toutes les conditions sont réunies pour une crise majeure de santé publique en pédiatrie (d'ici à) quelques jours", ont prévenu dans un communiqué commun ces organisations, qui comprennent notamment la Société française de pédiatrie (SFP) et la Société de pathologie infectieuse de langue française.
Selon elles, cette crise pourrait être encore pire que l'épidémie de bronchiolite, qui s'avère cette année particulièrement violente et met déjà le système de santé à rude épreuve.
De plus, le risque est susceptible d'être supérieur "en termes de
morbi-mortalité". Autrement dit, le manque d'antibiotiques pourrait avoir
des conséquences meurtrières chez certains enfants.
Une pénurie à venir aussi pour les alternatives
Les autorités sanitaires ont pris acte la semaine dernière de "fortes tensions d'approvisionnement" sur l'amoxicilline. Cet antibiotique est destiné à lutter contre une série d'infections bactériennes comme certaines otites et pneumonies.
Pour l'heure, c'est sous sa forme de sirop, principalement utilisée chez les enfants, que l'amoxicilline manque. Mais les médecins redoutent que la pénurie déborde sur l'ensemble de ces antibiotiques. "Les stocks des alternatives aux formes pédiatriques d'amoxicilline ne permettront pas de tenir au-delà de quelques semaines", notent les organisations.
Par ricochet, les formes "adultes" de cet antibiotiques pourraient donc à leur tour se mettre à manquer. À plus long terme, les médecins redoutent même une pénurie des médicaments "de recours", proposés comme second choix quand l'amoxicilline manque.
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"Restriction drastique" des prescriptions
Les syndicats de pédiatres et d'infectiologues jugent insuffisantes les mesures prises par les autorités, qui ont notamment limité la quantité d'amoxicilline que les pharmaciens peuvent distribuer à chaque patient. Il faut, selon eux, envisager une "restriction drastique" de la prescription de cet antibiotique, si besoin en imposant directement des contraintes aux médecins. Les organisations et syndicats appellent aussi à ce que le diagnostic précis soit donné sur les ordonnances.
Les antibiotiques, qui n'ont par exemple aucun intérêt contre la bronchiolite, tendent à être prescrits bien trop largement, et les autorités ont d'ores et déjà demandé aux médecins de faire preuve de discernement. Mais "il sera probablement nécessaire de revoir un grand nombre de recommandations et de les faire appliquer de façon plus contraignante", pour les organisations de pédiatres et infectiologues.
