Pourquoi certaines personnes trouvent que la coriandre a un goût de savon ?
Certains l’adorent, d’autres la détestent : la coriandre n’en finit plus de diviser. Mais pourquoi les sensations sont-elles si différentes au goût, alors que l’on mange la même herbe ? La science s’est penchée sur la question !
Faites-vous partie des 17 % d’Européens que la coriandre dégoûte ? En 2012, une équipe scientifique canadienne avait cherché à analyser l’aversion de cette herbe aromatique dans différentes parties du monde. Leurs résultats, publiés dans la revue Flavour, ont montré une très forte disparité dans l’appréciation du goût de la coriandre en fonction de la provenance des participants à l’étude.
Alors que seulement 3 % des Moyen-Orientaux ou ou 7 % des Sud-Asiatiques ne supportent pas la coriandre, ce chiffre atteint 21 % dans les pays de l’Est de l’Asie. Cette hétérogénéité dans la phobie de la coriandre peut s’expliquer, en partie, par l’utilisation de cette plante aromatique dans la cuisine orientale, thaïlandaise ou encore indienne. Mais ce n’est pas tout, la génétique joue également un rôle majeur dans notre adoration ou notre aversion envers ces petits brins verts aromatiques.
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Le gène de la coriandre
Une autre étude publiée en 2012 par des chercheurs de l’université de Mountain View en Californie et menée sur 14 604 participants, cible un gène en particulier pour expliquer le dégoût de certaines personnes au goût "herbacé" de la coriandre : OR6A2. Ce gène spécifique des récepteurs olfactifs est principalement activé par les aldéhydes, des composés volatils qui donnent son odeur et son goût si caractéristiques à la coriandre.
Or, certains individus présentent une sur-expression de ce gène OR6A2, et sont donc plus sujets à ressentir un dégoût envers la coriandre. Voire lui trouver un goût de savon dans les cas les plus extrêmes. Ce ressenti n’est d’ailleurs pas nouveau. On relève des traces de personnes se plaignant du goût de la coriandre depuis le XVIe siècle. Mais à cette période, le goût désagréable n’était pas encore qualifié de "savonneux" mais son odeur et son goût se rapprochaient plutôt de ceux des punaises. D’où l’origine étymologique de la coriandre, du grec koris, qui signifie "punaise" !
Un dégoût héréditaire
Ce goût, ou dégoût, génétique pour l’herbe aromatique ciselée est également confirmé par une autre étude, publiée dans la revue Chemical Senses en 2012. L’équipe de chercheurs a étudié les différences de goût de jumeaux envers différents aliments ou composés chimiques fréquemment présents dans notre alimentation, comme l’eau, le sucre, l’éthanol, la cannelle ou la coriandre.
D’après les résultats, 80 % des vrais jumeaux partagent le même avis sur la coriandre. Ce qui tend donc à corroborer la thèse génétique dans le ressenti gustatif de la plante aromatique. Vous aurez donc maintenant une bonne excuse pour refuser la touche de coriandre sur votre soupe thaï : "C’est pas moi, c’est mes gènes !"