Pourquoi le virus de la grippe aviaire inquiète les autorités sanitaires
L’épizootie de grippe aviaire a fait cette année des ravages en France avec plus de 15 millions de volailles tuées par le virus H5N1 ou abattues de manière préventive. Si les contaminations ralentissent depuis quelques jours, les autorités sanitaires restent vigilantes. Reportage.
Pour ces poules de plein air, c’est la libération. Comme pour tous les élevages de France, ces volailles ont été confinées en cabane pendant plus de 6 mois, à cause de l’épizootie de grippe aviaire. Cet enfermement obligatoire vient d’être levé.
"C’est un soulagement, quelque part, on est heureux de retrouver la routine de notre élevage, ce qu’on sait toujours faire, moi, je ne sais pas élever des poulets en bâtiment claustrés toute l’année, enfin, je n'ai pas du tout fait ce métier pour ça", confie Pierre-Nicolas Grisel, éleveur de poules bio.
Respecter des règles de biosécurité
Le risque de contamination est aujourd’hui modéré, mais les éleveurs doivent respecter en permanence des règles dites de biosécurité.
Passage obligé par une pièce de désinfection, limitation des visites, des mesures indispensables pour assurer la sécurité des volailles.
"On a un cahier qu’on est censés tenir à jour et à disposition des services vétérinaires pour les contrôles. On y parle de la gestion de tout ce qui est fumier, où il part, où il est composté, traité... J’explique aussi comment je procède pour nettoyer une cabane en élevage. C’est beaucoup de bon sens, pour éviter qu'on ait des contaminations extérieures dans l’élevage", précise Pierre-Nicolas Grisel.
Le virus de la grippe aviaire est véhiculé par les oiseaux sauvages pendant leur migration, et se transmet surtout par voie oro-fécale. Cette année, c’est la souche H5N1 qui domine.
C'est un virus hautement pathogène, c’est-à-dire très contagieux, et mortel dans presque 100 % des cas.
Un virus animal dangereux pour l’Homme
À l’institut Pasteur, les chercheurs analysent régulièrement des prélèvements nasopharyngés humains, susceptibles d'être infectés par la grippe aviaire et l’échantillonnage se fait dans un laboratoire sous haute sécurité.
"Il y a un ensemble d’équipements de protection individuels, d’équipements internes, d’installations, et de procédures qu’il faut absolument maîtriser, pour pouvoir manipuler dans ces laboratoires", explique Christophe Batejat, directeur adjoint à la cellule d'intervention biologique d'urgence de l'Institut Pasteur.
Le prélèvement provient d’un malade qui présente des symptômes grippaux. Après quelques minutes d’analyse, le verdict tombe.
"Là, on a un résultat qui est sorti positif au virus de la grippe B, donc qui confirme bien qu’on avait un résultat de grippe aviaire négatif. La personne était infectée par un virus grippal saisonnier classique", confie Christophe Batejat.
Une possible transmission à l'Homme
La transmission de l’animal à l’Homme est très rare, mais possible. Le virus, en plus des nombreuses mutations qu’il subit, peut aussi en rencontrer un autre, par un phénomène appelé la cassure antigénique. Le mélange des deux agents pathogènes permettrait à la grippe aviaire de passer de l’animal à l’être humain.
"C'est quelque chose qui inquiète, tant que ce ne sont que quelques cas, ça va, mais un virus qui se transmettrait à l’Homme et qui arriverait par la suite à se transmettre de façon efficace, ce serait assez embêtant. Les virus aviaires actuellement chez l’Homme, ont un taux de létalité assez fort, autour de 20, 40, 50 %. S’il se transmet bien, on risque d’avoir une épidémie particulièrement meurtrière", s'inquiète Christophe Batejat.
Un vaccin est en expérimentation dans des élevages du sud de la France. Il pourrait réduire les symptômes chez les volailles, mais n’empêchera sans doute pas la transmission du virus, d’une espèce à une autre.